SITUATION AU ROJAVA AU 23 DÉCEMBRE 2024

de Rojava Information Center, 8 janv. 2025, publié à Archipel 343

  • Les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) lancent une contre-offensive au barrage de Tishreen, reprenant plusieurs villages entre l’Euphrate et la ville de Manbij.

  • Conditions de vie désastreuses pour les personnes déplacées de Shehba; l’UNICEF note la possibilité d’un nouveau déplacement à grande échelle si les combats éclatent à Kobané.

  • Le Rojava Information Center (RIC) recense 165 militaires, 11 Asayish, [la police kurde], et 68 civil·es tué·es dans les attaques de la Turquie et de l’ANS depuis le 29 novembre, ainsi que 73 civil·es blessé·es.

  • Après deux semaines d’affrontements quasi quotidiens au barrage de Tishreen et au pont de Qereqozak – alors que l’ANS tentait en vain de traverser l’Euphrate de la campagne de Manbij vers celle de Kobané – les FDS ont lancé une contre-offensive et repris plusieurs villages entre l’Euphrate et le centre de Manbij. La contre-offensive se poursuit et la situation sur le terrain évolue rapidement.

  • Une source des FDS a déclaré au RIC: [Autour du barrage de Tishreen] «la situation des combats a un peu changé. Le Conseil Militaire de Manbij (MMC) a commencé à attaquer l’ANS. Nous n’opérons plus à partir d’une position défensive. Nous avons également repris plusieurs positions.»

  • À Manbij, sous le contrôle de l’ANS, les conditions de vie des civil·es se sont encore détériorées ces derniers jours, avec une colère généralisée face au nombre croissant d’abus et de crimes commis par l’ANS.

  • Après le viol d’une fillette de sept ans dans la ville de Manbij hier, la tribu al-Bubna à laquelle appartenait la fillette a attaqué la faction de l’ANS responsable, Suleiman Shah, dirigée par le tristement célèbre Abu Amsha. Suleiman Shah est sanctionné par les États-Unis pour de «graves violations des droits humains» et Abu Amsha est connu pour sa participation à des meurtres, des viols, des tortures, des enlèvements et des trafics d’armes.

  • L’association de défense des droits humains Hevdesti (Synergy) a documenté les exécutions extrajudiciaires de combattant·es, les meurtres de civil·es, le pillage ciblé de biens kurdes, les arrestations arbitraires et l’extorsion à Manbij: «La récente attaque fait partie d’une série d’assauts continus sur le nord-est de la Syrie, où les Kurdes, les Arabes et diverses minorités religieuses, ethniques et nationales vivent ensemble. [...] Ce qui se passe à Manbij n’est pas seulement un affrontement militaire; il s’agit plutôt d’une grave vio-lation des droits humains, visant en particulier les civil·es, et ouvrant la voie à des déplacements forcés systématiques.»

  • Le barrage de Tishreen reste hors service. Selon l’UNICEF, «Au moins 2 millions d’habitant·es de la ville d’Alep et de la campagne orientale connaissent de graves pénuries d’eau. Cette crise est due à la suspension de deux stations d’eau essentielles».

Le nombre de victimes civiles des attaques de la Turquie et de l’ANS s’alourdit.

  • Un drone turc a frappé un centre céréalier près de Sarrin (campagne de Kobané) le 21. «L’attaque a entraîné l’incendie et la destruc-tion de 300 tonnes de blé», a déclaré une source à Kobané au RIC.

  • Au total, 68 civil·es ont été tué·es et 73 blessé·es dans les attaques menées par la Turquie et l’Armée nationale syrienne depuis le 29 novembre, selon les registres du RIC.

La situation des personnes déplacées reste grave

  • L’UNICEF indique qu’environ la moitié des personnes déplacées de Shehba vivent dans des abris collectifs dans le nord-est de la Syrie, l’autre moitié chez des ami·es, des parents ou dans d’autres logements privés. Les personnes déplacées font état de conditions de vie misérables dans de nombreux abris. (...)

  • Suite à la prise de Shehba par l’ANS, Hevdesti (Synergy) a recensé 128 personnes (dont 20 femmes) arrêtées par l’ANS – soit à Shehba, soit lorsqu’elles avaient fui pour retourner à Afrine. 52 ont été libérées après avoir été torturées, 76 sont toujours portées disparues.

  • En référence à la menace d’une attaque turque sur Kobané, l’UNICEF a noté la possibilité d’une autre «vague de déplacement en cas d’escalade à la frontière [de Kobané]».

  • Concernant les millions de Syrien·nes déplacé·es à l’extérieur du pays, le HCR a déclaré qu’il n’encourageait pas actuellement le rapatriement volontaire à grande échelle vers la Syrie en raison d’une crise humanitaire de grande ampleur, de la persistance de niveaux élevés de déplacement interne et de la destruction et de l’endommagement généralisés des habitations et des infrastructures essentielles.

*Extraits d’un article paru sur le Rojava Information Center <rojavainformationcenter.org>.