UKRAINE: Solidarité par le bas

de Operation Solidarity, 19 juin 2022, publié à Archipel 315

Sergueï fait partie de la diversité de gens que l’on peut rencontrer, dans l’une ou l’autre des deux mai-sons de la coopérative de Longo maï (1) en Ukraine. Cet entretien est un bricolage fait à partir des discussions que nous avons eues durant deux voyages réalisés ensemble. D’abord la livraison d’une ambulance à un bataillon de paramédics à Kyiv puis la livraison de matériel et de nourriture à Zaporijjia. Étant donné le large manque de maîtrise de l’anglais qui fut, en dehors de la communication non verbale et des silences qui en disent long, notre seul moyen de communiquer, il se peut que tout ce qui est écrit là soit totalement faux et que l’amitié qui est née de ces moments partagés soit un pur malentendu.

Comment est-tu arrivé à la ferme de Longo maï en Ukraine?

Je connais Vladimir qui possède un hôtel dans le parc de Svydovets depuis longtemps, et il connaît Longo maï par le biais du mouvement Free Svydovets (2). Je suis arrivé pour la première fois à la ferme 7 jours après le début de l’invasion Russe, c’était pour faire passer la frontière à ma famille. Ensuite on m’a demandé si je pouvais aider, notamment pour les transferts de réfugié·es.

Où sont les autres membres de ta famille?

À Dortmund en Allemagne. Ma femme voulait partir avant le début de l’attaque car elle était sûre que ça craignait mais je n’y croyais pas [comme la plupart des Ukrainien·nes rencontré·es NDLR]. Quand l’invasion a commencé, nous avons décidé de ne pas partir dans la panique en même temps que des millions de personnes. Donc ma femme, nos deux enfants, Léa et Lukas, sont chez des amis là-bas [à Dortmund] maintenant. Pour l’instant, je pense que la guerre va continuer et ça m’étonnerait qu’il soit possible qu’iels reviennent avant l’année prochaine, début 2023.

Qu’est-ce que tu avais comme activité avant la guerre?

En temps normal, j’ai plusieurs activités. Je suis consultant dans la promotion immobilière, j’organise des séjours sportifs et je dirige une petite boulangerie industrielle solidaire d’une vingtaine d’employé·s, un café social et j’étais en cours d’ouverture de mon propre bar. La boulangerie et le café social sont des projets sociaux à la base, mon ami et ex-collègue qui dirige Zeelandia (3) (je ne travaille plus là-bas) a un fils trisomique et il a décidé de créer une dynamique qui permet l’intégration des personnes dans son cas. Dans la boulangerie comme dans le café social, l’idée est de leur donner l’occasion d’être confronté·es à la vie en société pour éventuellement devenir autonomes par la suite. La boulangerie s’appelle 21.3, 21 pour la trisomie vingt et un et 3 comme les trois étapes pour une intégration sociale: découverte/immersion/familiarisation dans un milieu mixte, intégration au travail et autonomie.

Que deviennent toutes ces activités depuis que l’invasion a commencé?

Mes activités de consulting et d’organisation de séjours sportifs sont à l’arrêt complet. Le café n’a pas eu le temps d’ouvrir mais j’ai décidé de le transformer, d’ici quelques jours, en point de distribution de denrées alimentaires et autres si besoin, de plats chauds gratuits et de lieu de partage et d’échange.

Pour la boulangerie, tous les travailleur·es sont bénévoles à part une cheffe dont la production dépend. Au début de la guerre, il n’y avait que 2/3 volontaires au lieu de 16 employé·es en temps normal et maintenant il y en a une dizaine. Beaucoup de gens veulent aider d’une manière ou d’une autre. Mon ami de Zeelandia essaie de trouver des fonds pour payer tout le monde, au moins partiellement.

Actuellement, nous produisons 1300 pains de 400g deux fois par jour et des gâteaux. La distribution se fait essentiellement au café social avec de la soupe, 270 par jour, mais aussi aux checkpoints, et dans une clinique de Brovary. À la boulangerie, les riverain·es peuvent venir se servir à heures fixes.

Il y a d’autres points de distribution dans la ville comme à Druzy Christa, l’église évangéliste où nous sommes allé·es ensemble, mais je pense qu’il faut multiplier les points de distribution pour que ça soit accessible pour les gens qui ne peuvent pas forcément se déplacer facilement. Surtout en raison des checkpoints, du maintien partiel et aléatoire des transports en commun ainsi que des couvre-feux.

On ne sait pas de quoi demain sera fait mais pour l’instant, c’est calme à Kyiv même si ça bombarde au loin. Par contre, autour de Marioupol et du Donbass, beaucoup de gens sont dans le besoin et avec la possibilité de corridors d’évacuation, ça va augmenter. Avec l’aide de Longo maï, je pense qu’il serait intéressant de faire quelque chose là-bas sur le même modèle qu’ici mais il faut aller voir d’abord.

Je vois bien l’idée de l’aide et la solidarité mais concrètement ça coûte des sous tout ça, comment tu fais pour faire face aux charges alors que tout est distribué gratuitement?

Déjà il faut savoir que pour moi, c’est impossible d’imaginer faire de l’argent pendant la guerre. Les gens sont dans le besoin et la question c’est comment aider quand on peut? Et pas comment faire du profit. L’entreprenariat, ça pourra reprendre après, en temps voulu.

Pour la boulangerie, je m’occupe de trouver de l’argent pour payer les charges de l’atelier mais mon ami qui est PDG de Zeelandia à Brovary fournit tous les ingrédients gratuitement, il se débrouille pour avoir des dons pour financer les pertes mais je ne m’occupe pas de ça donc je ne sais pas exactement comment ça fonctionne. Pour le reste, les travailleur·euses sont bénévoles comme je l’ai déjà dit. Le café social est aussi subventionné, des personnes s’occupent de trouver des fonds. Pour mon café j’utilise mes fonds personnels et quand je fais les allers-retours dans les Carpates et que j’emmène du monde aussi. Je fais jouer mes relations aussi pour avoir des dons en matériel et du soutien technique.

En fait, le gros secteur de dépense pour moi c’est l’essence et la voiture, le reste c’est presque rien, surtout que je suis toujours invité à manger ailleurs que chez moi. Je peux citer mon ami Andrei aussi, il est traiteur et actuellement il fournit 300 à 1000 repas par jour gratuitement pour la police et la défense territoriale qui sont sur les checkpoints: les autorités locales lui fournissent les ingrédients et lui il travaille gratuitement.

Mais j’imagine qu’il a un contrat qui lui permettra par la suite de conserver cette clientèle-là non? Ça ne vous inquiète pas que, par la suite, des entreprises qui participent peu, voire pas du tout à l’effort de guerre comme vous le faites, récupèrent les marchés? Parce qu’on voit qu’il y a un gros effort de votre part et ça pourrait être normal qu’il y ait une forme de reconnaissance en temps voulu, non?

Non, il n’a qu’un contrat ponctuel, quand une situation normale reviendra, il y aura des appels d’offre pour ces marchés. Et tu sais, c’est pas la première fois que le pays est en crise et on est habitué·es à l’idée qu’il faut parfois repartir de zéro ou presque. Peut-être qu’après la guerre, il y aura un genre de «plan Marshall», peut-être pas, peut-être qu’on en profitera un peu ou peut-être que ce sont des grosses multinationales qui empocheront les aides et les marchés… Celles et ceux qui profitent de la guerre, c’est leur affaire; nous, on n’attend pas de reconnaissance, on sait pourquoi on le fait.

Que font les autorités locales ou l’État pour aider la population?

Comme tu as pu le voir, dans les églises évangélistes où nous sommes passé·es (à Khmelnytskyï et Kyiv) il y a beaucoup d’accueil de familles, de stockage et de distribution de nourriture et produits de première nécessité. Tu as vu aussi que tout le monde se moque bien de porter des masques et les normes ne sont évidemment pas respectées. On peut considérer que le fait que les autorités ne nous entravent pas, c’est déjà une forme de soutien.

À Brovary, des bénévoles ont organisé un lieu de stockage et de distribution dans la salle de sport. Et puis un jour, le maire a décidé de reprendre ça sous la direction de la mairie en communiquant sur le fait que c’était une de leurs initiatives… Il faut savoir que pour certain·es élu·es, c’est une opportunité facile pour demander des budgets additionnels. Dans un des villages où nous sommes allé·es ensemble par exemple, 80% des denrées gérées par la commune, personne ne sait où elles vont. Je préfère participer et organiser des réseaux à partir de connaissances déjà établies ou qui s’établissent de proche en proche, de personne de confiance en personne de confiance. Et puis ces réseaux-là, en cas de nouvelle crise, de nouveau problème, on peut se dire qu’ils seront de nouveau mobilisables. Mais à Kyiv le maire est plus progressiste et les réseaux de volontaires sont assez conséquents, ça a l’air de se passer différemment.

Tu penses que c’est quoi, la proportion d’aide qui est assumée par les citoyen·nes et celle assumée par les autorités locales?

Je peux parler uniquement pour le district de Brovary mais je dirais que l’aide et la solidarité sont assurées à 85% par les citoyen·nes. Le maire a mis beaucoup de temps à se réveiller, entre 10 et 12 jours avant de faire quoi que ce soit: tout le monde se demandait où il se cachait. Alors que les volontaires ont réagi très rapidement. Pour ce qui est de l’État, je trouve que la réaction militaire a été plus qu’à la hauteur et que là-dessus Zelensky a été efficace. Pour ce qui est de l’aide et la solidarité, c’est le peuple qui a été très fort.

Est-ce que tu as pensé à t’engager dans l’armée, ou la défense territoriale?

J’y ai pensé mais je suis convaincu que je suis plus compétent à l’arrière qu’au combat, domaine dans lequel je n’ai aucune expérience. La boulangerie, le café, le café social sont utiles, d’ailleurs c’est officiellement considéré comme d’utilité publique dans le cadre de la guerre. Grâce à ça, j’ai une dispense de mobilisation. Cependant, j’ai quand même pris conscience après l’annexion de la Crimée et le début de la guerre dans le Donbass qu’il fallait prendre les choses au sérieux, j’ai donc décidé de faire une formation succincte autour des savoir-faires paramédicaux dans le bataillon Asap Rescue4 et j’ai aussi fait une formation au maniement des armes à feu pendant six mois (un à deux jours par semaine) dans un organisme privé. Bref, prendre les armes, je suis prêt à le faire mais ça voudrait dire que la guerre s’est généralisée et même si je m’engage, je ferai en sorte d’être ambulancier. Ce qui est certain par contre c’est que si le pays est annexé à la Russie, je préfère l’exil.

Tiré de Blog «Ici Transcarpatie»

  1. Voir encadré.
  2. Vladimir est impliqué dans la lutte «Free Svydovets» pour la protection du massif de Svydovets contre la construction d’une station de ski: https://freesvydovets.org/fr/.
  3. Zeelandia est une entreprise qui vend des mélanges de farine pour les boulangeries industrielles.
  4. https://asap-rescue.com/en/.

Encadré

Depuis le 25 février, des membres du Forum Civique Européen se rendent dans les coopératives Longo maï de Nijné Selichtché en Transcarpatie (Ukraine occidentale) et à Hosman (en Roumanie, près de Sibiu) afin d’apporter leur aide dans cette situation difficile.

Les textes «Solidaritépar le bas» et «Opération Solidarité» sont tirés du blog «Ici Transcarpatie» (1) réalisé par quelques ami·es qui ont décidé d’aller dans cette région encore épargnée de l’ouest de l’Ukraine pour apporter leur soutien. On peut y lire leurs chroniques aussi bien sur la solidarité au village que sur les rencontres qu’iels ont faites au fil de leurs déplacements.

Vous pouvez aussi lire et écouter des chroniques sur la guerre en Ukraine et les actions de solidarité dans lesquelles des membres du Forum Civique Européen sont engagé·es sur le site de Radio Zinzine (2), dans la colonne de gauche «Événements», où vous trouverez également des émissions spéciales réalisées sur le sujet. Il vous suffit de taper «Ukraine» dans le moteur de recherche.

  1. https://icitranscarpatie.wordpress.com/2022/03/15/solidarite-en-transcarpatie/.
  2. <radiozinzine.org>.

Opertion Solidarity

Le texte qui suit est composé d’extraits d’un entretien avec Sergueï, membre d’Operation Solidarity (1), réalisé le 8 avril 2022 à Kyiv par Marie et Nolig (2), venu·es renforcer l’équipe au village, puis livrer du matériel médical, entre autres à Kyiv et Zaporijjia. Les membres d’Operation Solidarity se présentent sur leur site comme étant un «réseau de volontaires anti-autoritaires créé pendant la guerre pour contrer les attaques impérialistes contre l’Ukraine, conjointement avec les forces progressistes du pays».

Sergueï: Je sais bien que beaucoup de gens de gauche en Europe ne sont pas prêt·es à soutenir des actions militaires. J’aimerais beaucoup voir un mouvement antimilitariste puissant surgir après cette guerre car nous savons maintenant ce qu’un pays peut faire quand il a l’arme nucléaire et des quantités d’armes conventionnelles. Un mouvement antimilitariste global est très important mais ce sera possible seulement si la Russie perd la guerre, parce que sinon, il y aura une nouvelle course à l’armement. Si tu es un activiste antimilitariste, tu dois aussi être contre les guerres que mène la Russie. Je ne suis pas très optimiste à propos de la société ukrainienne et à quoi ça ressemblera après la guerre, il y a beaucoup de haine ici, le nationalisme va se normaliser, malheureusement. Mais maintenant, tout est préférable à l’occupation russe parce que la Russie est presque un État fasciste pour moi et si on la compare à l’Ukraine avant la guerre... L’Ukraine était un État bien plus démocratique, avec tous ses problèmes certes, mais quand des personnes du Bélarus ou de Russie venaient en Ukraine elles disaient: «Waouh, c’est possible? Vous pouvez faire ça?». (...)

Marie et Nolig: Connais-tu des activistes russes qui vivent encore en Russie aujourd’hui?

Oui bien sûr, je suis en contact avec ces personnes et c’est très dur pour elles. C’est très dur de croire ce qui se passe ici, parce que toutes les chaînes d’informations sont contrôlées, elles reçoivent des informations par les chaînes Telegram. Mais quand elles voient les informations officielles ukrainiennes sur Boutcha, et celles de l’Ouest, elles ne croient plus en rien alors elles nous demandent «pouvez-vous nous dire si c’est vrai ce qui se passe? Parce que je n’arrive pas à y croire. Je suis totalement contre Poutine et notre gouvernement, mais je n’arrive pas à croire que des soldats russes aient pu faire ça». C’est très dur pour elles, d’accepter cette réalité.

Mais elles ont confiance en vous?

Oui, je leur ai dit que j’étais allé là-bas (à Boutcha), que j’avais vu de mes propres yeux. Ce n’est pas juste une personne, j’ai parlé avec au moins deux personnes de Russie qui n’y croyaient pas. Pour moi c’est difficile d’accepter ça, alors que ce sont des personnes critiques.

Et, c’est un autre point, mais ne penses-tu pas que l’État, considérant vos groupes mais aussi les groupes contestataires d’extrême droite comme étant des menaces potentielles, pourrait profiter de la situation pour envoyer tout le monde au casse-pipe?

Je ne crois pas, je crois que l’État ne s’occupe pas maintenant de qui répond de quelle idéologie, il a autre chose à faire. Parfois, le commandement d’une unité pourrait dire «ah s’il vous plaît, nous n’avons pas besoin de politique ici», mais en réalité, à plus large échelle, iels s’en fichent de qui répond de quelle idéologie, la plupart ne comprennent même pas les différences. Peut-être que les services secrets savent, mais iels ne sont pas si bons là-dedans non plus. Iels ont bien sûr des spécialistes, mais là ce n’est pas important pour eux. Je ne pense pas qu’iels pourraient dire à tel officier militaire d’envoyer telle unité à Marioupol par exemple. L’extrême droite est un bien plus gros problème pour le gouvernement ukrainien que l’extrême gauche. Mais je n’ai entendu aucun exemple de personnes envoyées délibérément au casse-pipe à cause de leurs idées. La guerre en 2014 était bien plus politisée parce que le rôle des bataillons de volontaires était plus important, l’armée était faible et les bataillons nationalistes volontaires étaient de véritables héros parce qu’ils venaient de Maïdan. Ils se sont battus et sont revenus en héros. Puis ils ont mené des projets politiques. Le bataillon Aydar, par exemple, était très populaire en 2014, mais il n’existe plus. Le Secteur droit (Pravy Sektor) était au front en 2014, et il l’est encore aujourd’hui, mais maintenant il n’est plus qu’un parmi tant d’autres. Personne ne parle beaucoup du Secteur droit maintenant.

Nous entendons beaucoup parler du bataillon Azov, à cause de Marioupol. Que penses-tu d’eux?

C’est une question complexe. À la base, Azov (3) est une structure, ou plutôt un mouvement large. Le bataillon Azov a été créé en 2014 par des organisations nazies et des hooligans de droite. Dans un premier temps, le noyau dur de l’organisation était clairement composé de nationaux-socialistes. Iels ont commencé à être connu·es en Europe, on a commencé à en parler, à en faire la publicité. Mais iels se sont scindé·es en différentes ailes. Le noyau originel d’extrême droite du bataillon Azov a créé un parti politique appelé Corps National (4) et il y a eu une aile paramilitaire, les National Vigilant, renommée ensuite Centurie. Le régiment Azov a ensuite été intégré à la garde nationale.

En 2016, la plupart des bataillons de volontaires ont été intégrés à l’armée ukrainienne, ils ont perdu leur indépendance et ont été déplacés de la ligne de front. De ce que je sais, avant que l’invasion russe ne commence, il n’y avait plus que deux bataillons de volontaires: Azov et Secteur droit. Mais même eux avaient plus ou moins été déplacés du front, parfois ils rejoignaient des opérations militaires, sinon ils étaient dans leur base. Au vu de leur popularité et de leurs compé-tences militaires, beaucoup de gens les ont rejoints. La proportion de membres d’extrême droite dans le régiment a donc diminué. Le mouvement Azov a aussi une autre petite organisation d’extrême droite autonome mais coordonnée avec Corps National. Cette petite organisation a aus-si créé son propre détachement de défense territoriale, comme les anarchistes. Les liens entre Corps National et le régiment Azov sont plus faibles, les dernières années. Il n’y a pas de déclara-tion politique de la part du régiment, seulement du parti. Bien sûr, ils gardent ce background politique mais ce n’est pas l’échelle dont parle la propagande russe.

Je dirais que le régiment Azov à Marioupol est moins radical que le bataillon de défense territoriale créé par des activistes d’extrême droite du National Corps et de petits groupes membres du mouvement Azov à Kyiv et dans d’autres villes. Mais bien sûr, iels comprennent qu’il y a des attaques sur leur rhétorique. Poutine a dit qu’iels étaient des nazis, iels répondent «nous ne sommes pas des nazis, mais des patriotes». Je pense que dans le régiment Azov, à Marioupol, c’est plus proche de la réalité parce que le nombre de nazis/extrême droite dedans est plus petit. Je pense qu’une des raisons pour les-quelles le régiment Azov se bat jusqu’au bout, c’est que ses combattant·es savent qu’iels seront liquidé·es par l’armée russe s’iels sont pris·es, parce qu’iels représentent le diable pour les Russes. Ils ne feront pas de prisonnier·es.

Avant la guerre, c’était mon sujet principal, de parler de l’extrême droite. Les violations des droits humains commises par l’extrême droite, c’est un vrai problème! Mais en même temps, c’est incomparable à l’échelle de la guerre. Nous avons eu cent quatre-vingt faits de violence et con-frontations par l’extrême droite l’année dernière, ce nombre n’inclut pas seulement les attaques sur les personnes mais aussi sur les propriétés, des événements, etc. Il n’y a eu aucun mort. L’échelle de gravité est incomparable. (...)

Je ne pense pas que ce soit une bonne stratégie de nier l’existence de l’extrême droite ici mais il faut montrer les vraies échelles. Et les vraies échelles ne sont pas comparables à celles des Russes.

Tiré de Blog «Ici Transcarpatie»

  1. https://operation-solidarity.org/about/
  2. Vous pouvez écouter Marie et Nolig sur radiozinzine.org dans «Sur la route en Ukraine» http://www.zinzine.domainepublic.net/?ref=6997.
  3. Le mouvement Azov est une galaxie d’organisations liées à l’histoire du bataillon Azov. On y trouve notamment Corps National (branche politique du mouvement), la Milice nationale (organisation paramilitaire distincte du bataillon Azov), le Corps civil Azov (organisation activiste non-militaire de vétérans du bataillon), Centurie (orga-nisation paramilitaire).
  4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Corps_national.