La raison principale pour laquelle le Laos n’a pas souffert des manifestations généralisées de grippe aviaire comme ses voisins est qu’il n’y a presque aucun contact entre les élevages de volaille à petite échelle, qui produisent presque tout l’approvisionnement domestique de volaille, et ses exploitations commerciales, qui sont intégrées à des compagnies étrangères de volaille.
Selon le ministère de l’Agriculture des Etats-Unis: «La production de volaille au Laos est principalement une production de petits paysans, qui élèvent des espèces locales de poulets élevés en plein air à côté de leurs habitations, pour la viande et les oeufs, la plupart du temps consommés par la famille ou vendus localement pour en tirer un revenu... Un village moyen a autour de 350 poulets, canards, dindes et cailles élevés en petites basses-cours dispersées parmi les maisons du village où il y a environ 78 familles, et où ce sont les femmes qui sont principalement responsables des élevages. Des canards, des dindes, et les cailles sont également élevés, avec quelques oies en quantité négligeable dispersées dans le pays. Les quelques exploitations commerciales du pays (moins de 100 au total, dont 89 situées près de Vientiane) approvisionnent les zones métropolitaines avoisinantes. (…) La biosécurité et l’utilisation de la technologie sont minimales, avec peu de soins vétérinaires disponibles que ce soit de la part du privé ou du gouvernement.»
En d’autres termes, le Laos abonde en poulets élevés en plein air, mêlés aux canards, aux cailles, aux dindes et aux oiseaux sauvages. Ce sont principalement des poulets indigènes, qui couvrent plus de 90% de la production totale de volaille du Laos. Si l’élevage en plein air et les oiseaux migrateurs sont responsables de la propagation de la grippe aviaire, on devrait s’attendre à ce que la maladie fasse rage à travers le pays. Ceci ne s’est pas produit. En fait, les basses-cours familiales du pays ont été à peine touchées.
Selon le même rapport du ministère de l’Agriculture des Etats-Unis:
«Un total de 45 cas de contamination ont été confirmés, avec 42 cas qui se sont produits dans des entreprises commerciales (fermes d’élevage et de ponte), dont 38 à Vientiane, la capitale et principale ville du Laos. Cinq autres cas de contamination se sont manifestés dans la province de Savannakhet (dans une ferme produisant des œufs et dans de petits élevages) et deux autres dans la province de Champasak (dans des productions d’œufs). Les petits propriétaires qui ont trouvé la grippe aviaire dans leurs élevages étaient localisés près d’élevages commerciaux atteints par la maladie.»
Le Laos a efficacement enrayé la maladie en fermant la frontière à la volaille de Thaïlande et en éliminant les poulets dans les exploitations commerciales. Ils ont été moins concernés par la maladie se répandant à partir des fermes affectées parce que, à la différence de la Thaïlande et du Vietnam, les petits paysans au Laos ne se fournissent pas auprès des grandes compagnies en poussins d'un jour et en alimentation pour la volaille. Et, en dehors de la capitale, la volaille est produite et consommée localement. La production de volaille est également plus dispersée au Laos. Elle est moins dense, moins intégrée et moins homogène – caractéristiques qui empêchent la propagation de la grippe aviaire et son évolution vers des formes plus pathogènes.
L’expérience du Laos suggère que la clef de la protection de la volaille élevée en basse-cour et des personnes contre la grippe aviaire est de les protéger contre la volaille industrielle et ses produits dérivés. Cela est relativement facile à faire dans un pays comme le Laos où il y a peu de fermes industrielles, peu d’utilisation d’intrants extérieurs et essentiellement des systèmes alimentaires locaux. Il est beaucoup plus difficile d’extirper le système industriel du système de production de volaille à petite échelle en Thaïlande, en Indonésie ou en Chine, où les deux systèmes sont très intimement liés par la géographie, les marchés et la production. Dans ces pays, la «restructuration» de la production de volaille par des moyens qui soutiennent les petites exploitations exige un changement de direction à 180 degrés pour s’écarter d’une production industrielle intensive, intégrée et globalisée. Ce n’est pas, cependant, ce que la FAO et les gouvernements ont à l’esprit quand ils parlent de «restructuration».
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