GAZA: Semer les graines de l’espoir

de Laila El-Haddad, 9 juin 2024, publié à Archipel 337

Nous avons reçu cet appel de notre ami Philip Rizk, qui a vécu quelque temps à Gaza et est un ami de longue date de Laila El Haddad, l’autrice. Il est cinéaste, écrivain et journaliste indépendant et vit avec sa famille en Allemagne. Sa femme est originaire de Gaza, lui d’Égypte[1].

Je m’appelle Laila El-Haddad. Je suis écrivaine palestinienne et mère de quatre enfants à Gaza. Beaucoup d’entre vous me connaissent peut-être en tant que coautrice de The Gaza Kitchen: Un voyage culinaire palestinien. Je suis également une jardinière passionnée et, bien que je sois originaire d’une ville, Gaza, je suis une agricultrice dans l’âme! Plus que quiconque, les agriculteur/trices représentent l’enracinement profond des Palestinien·nes dans la terre.

Quoi et pourquoi?

J’organise cette campagne pour aider les agriculteur/trices et les familles de la région la plus touchée et la plus isolée de Gaza (Beit Lahiya) à créer leurs propres jardins sur les toits et à la maison, un petit pas vers l’autosuffisance et l’abandon de la dépendance à l’égard de l’aide alimentaire. L’agriculture à grande échelle est encore trop dangereuse et toutes les agences d’aide internationales et locales ont dû être évacuées du Nord, ce qui rend la population particulièrement vulnérable.

Comment allons-nous procéder?

J’ai passé des mois à faire des recherches et à consulter des experts agricoles, à Gaza et à l’étranger, sur la manière la plus sûre et la plus efficace de donner aux Palestinien·nes un accès durable à des produits frais. Ensuite, je me suis associée à l’Association palestino-américaine de Gaza, une organisation accréditée 501(c)(3) aux États-Unis, ainsi qu’à une équipe d’agriculteur/trices locaux et de partenaires à Gaza qui s’approvisionnent en fournitures nécessaires pour démarrer les jardins familiaux localement et mettre en œuvre le projet.

Rencontrez l’équipe!

Yousef S. est un jeune agriculteur du nord de la bande de Gaza dont j’ai récemment fait la connaissance et qui ne perd pas espoir. Comme beaucoup d’autres, sa maison et sa ferme ont été détruites par une frappe aérienne israélienne. Mais il refuse d’abandonner. Pour des Palestinien·nes tels que Yousef, l’agriculture, surtout en période de génocide et d’écocide, est un acte de foi profonde et l’incarnation même du Sumood, le concept palestinien de persévérance inébranlable.

Yousef et son équipe ont déjà travaillé 24 heures sur 24 pour trouver et commencer à cultiver des semis locaux à distribuer, ainsi que d’autres matériaux nécessaires pour fournir aux familles les ressources dont elles ont désespérément besoin pour créer leur propre potager domestique, urbain, de patio et communautaire, en fonction des espaces auxquels elles ont accès, y compris ceux qui sont abrités dans les écoles de l’ONU.

Chaque famille recevra:

  • au moins 30 plants de légumes saisonniers assortis (courges d’été palestiniennes, piments, aubergines, concombres et tomates).
  • 80 grammes de graines locales (aneth, Mloukhiya, blettes, ...)
  • compost, terre et amendements
  • jardinières en plastique, le cas échéant
  • formation et suivi par des expert·es en agriculture.

En outre, vos dons permettront de financer l’achat de plusieurs panneaux solaires pour alimenter les puits communautaires dont les familles dépendent pour irriguer leur jardin (actuellement, l’accès à l’eau est limité à une fois tous les dix jours en raison d’une interdiction d’entrée de carburant).

Grâce à votre soutien, nous pouvons aider les familles palestiniennes à semer les graines d’un avenir meilleur, à cultiver l’espoir et à produire de nouveau une partie de leur propre nourriture.

Ensemble, nous aiderons les familles du nord à cultiver des aliments sains pour elles-mêmes, leurs voisin·es et leurs ami·es!

Quelques éléments de contexte

Dans le cadre de sa politique visant à rendre Gaza invivable et à y faire s’effondrer la société, Israël y a détruit 50 % des arbres et des terres agricoles et a sévèrement restreint l’entrée de nourriture et d’aide, en particulier dans le Nord. Autrefois connu pour ses vergers de pommiers, de fraises et d’agrumes luxuriants, le nord de la bande de Gaza est désormais complètement coupé du reste de la bande de Gaza. L’ampleur des dégâts et des destructions est catastrophique. Les forces israéliennes ont rasé des terres agricoles, 90 % des serres, des oliveraies et des élevages de volailles, ce qui fait que la quasi-totalité de la population souffre aujourd’hui d’une faim extrême.

Votre don[2] contribuera à changer cette réalité en fournissant des potagers sur les toits et dans les communautés aux familles vulnérables et déplacées du nord de la bande de Gaza qui subsistent avec 245 calories par jour.

Laila El-Haddad, Écrivaine palestinienne

  1. Philip Rizk a fait notre connaissance il y a quelques années, par l’intermédiaire de l’équipe Bujuruna-Juzuruna au Liban, et a réalisé la traduction en arabe de nos vidéos sur la production de semences <diyseeds.org/>. Voici une émission de radio que nous avons réalisée avec lui il y a quelques années pour Radio Zinzine http://www.zinzine.domainepublic.net/?ref=2988.
  2. Le Forum Civique Européen soutient cette initiative. Vous pouvez toutefois prendre contact directement via ce site web https://www.zeffy.com/en-US/fundraising/c7a7ca13-370e-41b4-91b7-cc6e6e2cb620. Votre don est déductible des impôts et éligible à la zakat! (La zakat, troisième pilier de l’islam, est une taxe obligatoire en faveur des plus pauvres). 100 % des recettes sont reversées au projet à Gaza.