Les années 1990 ont été marquées par la fin de la Guerre froide qui a provoqué de grandes mutations dans la politique interne de la République Démocratique du Congo (RDC), ex-Zaïre. En effet la RDC, ce grand et riche pays, a été utilisé comme base pour stopper l’influence communiste en Afrique.
Dirigé pendant 32 ans de main de fer par feu le dictateur Maréchal Mobutu, placé au pouvoir et soutenu durant son règne par les Occidentaux qui voulaient faire obstacle au communisme en Afrique tout en gardant la mainmise sur les matières premières de la RDC pour faire fonctionner leurs industries. En 1990, suite à l’effondrement du mur de Berlin, le discours de la Baule prononcé par le président François Mitterrand faisait de la démocratisation des régimes africains une condition en matière de coopération dans la nouvelle ère qui s’ouvrait. Mobutu ne présentait plus de garanties à ses maîtres. Lâché par ses amis de l’extérieur et coincé par la population qui en avait assez de son régime autoritaire, Mobutu a ouvert l’espace politique et les partis politiques ont poussé comme des champignons dans le pays de Lumumba.
La conférence nationale souveraine
En 1991 et 1992, une conférence nationale souveraine fut organisée au Congo avec pour objectif la relecture de l’histoire du pays et la réconciliation du peuple par lui-même. En dépit de différents obstacles dressés par Mobutu et face à la détermination et à l’aspiration profonde du peuple congolais au changement, la Conférence Nationale, qui rassemblait 2850 délégués venus de toutes les provinces et de toutes les couches sociales et professionnelles du pays, parvint à élaborer un projet de société démocratique. Un premier ministre chargé de porter ce projet et de conduire le pays vers les élections libres et démocratiques fut choisi par les conférenciers. Mobutu, qui sentait la fin de son règne, et certains Occidentaux, qui ne voyaient pas la garantie de leurs intérêts dans cet ordre politique mis en place par la Conférence Nationale souveraine, semèrent alors le chaos au Congo, comme en 1960 après l’indépendance, enfin de mettre fin à tout ce que la Conférence avait permis. Mobutu, avec l'appui de ses amis-ennemis occidentaux, décida de révoquer le Premier ministre et de dissoudre le Haut Conseil National de la République (parlement de transition) et revint en force sur la scène internationale. Ce retour ne fut qu’éphémère parce que les tensions entre francophones et anglo-saxons pour le contrôle de l’Afrique centrale et le positionnement dans la période d’après guerre froide avait conduit les Anglo-saxons à rechercher l’oiseau rare qui pouvait assurer leurs intérêts au Congo. Leur choix se porta sur Laurent Désiré Kabila, un ancien maquisard lumumbiste devenu trafiquant d’or en Tanzanie. Les Américains le placèrent à la tête d’une armée composée de Rwandais, Burundais et Ougandais pour aller chasser Mobutu du pouvoir.
Guerre de «libération»
Cette guerre de basse intensité qui visait en gros la balkanisation du Congo a produit et continue de produire d’énormes dégâts humains et matériels: plus de 6 millions de morts, 2,5 millions de déplacés de guerre, des viols de femmes et d’enfants mineurs, le pillage des richesses naturelles du pays... Et tout cela dans un silence coupable et complice des auteurs de cette solution armée et de l’ensemble de la communauté internationale.
En 2001 Laurent Désiré Kabila est assassiné avec la complicité de la coalition euro-américaine parce que pressenti comme dangereux pour leurs intérêts. Cette fois-ci, cette coalition parviendra à trouver le véritable oiseau rare. C’est Joseph Kabila dont le vrai nom est Kanambe qui sera placé au pouvoir. Un jeune homme de 30 ans de nationalité rwandaise, sans aucune instruction, sans compétence ni expérience pour diriger le grand Congo, mais dont le seul mérite est de permettre aux puissances occidentales de diriger de loin la RDC
En 2006 avec l’appui financier et logistique de la communauté internationale et de l’Union européenne, les élections sont organisées en RDC avec un agenda caché, celui de légitimer Joseph Kabila au pouvoir. Des commissaires européens, dont Louis Michel, faisaient des va-et-vient au Congo en menant publiquement campagne pour Joseph Kabila qu’ils présentaient comme artisan de paix. Des irrégularités et des fraudes massives ont entaché ces élections qui ont porté Joseph Kabila au pouvoir. En 2011 de nouvelles élections ont été organisées et selon les observateurs nationaux et internationaux, Etienne Tshisekedi est désigné comme vainqueur. Mais le président sortant, usant de son armée, a refusé de quitter le pouvoir et a massacré la population congolaise qui était descendue dans la rue pour réclamer la vérité des urnes.
Contexte actuel
Le mandat de Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, s’achève le 19 décembre 2016. La constitution de la RDC lui interdit de briguer un troisième mandat. Mais le président Kabila a multiplié les manœuvres dilatoires en vue de se cramponner au pouvoir. D’abord il a tenté de modifier la constitution en janvier 2015 pour se représenter une troisième fois aux élections qu’il est convaincu d’avance de remporter avec les mêmes méthodes frauduleuses employées en 2006 et 2011. Suite au soulèvement populaire qui a entraîné plus de 400 morts tués à balles réelles par l’armée à la solde du pouvoir, Kabila renonce à son projet de modification de constitution. Toujours animé par la mauvaise foi, le viol de la constitution et la volonté de rester au pouvoir, Kabila a détourné l’argent destiné à la Commission électorale indépendante pour l’organisation des élections dans les délais constitutionnels. Le 19 septembre dernier, la population congolaise, qui lutte nuit et jour pour la défense des lois de la république et pour l’alternance du pouvoir, est descendue dans les rues de Kin-shasa pour exiger le départ de Joseph Kabila. Le pouvoir de Kabila a à nouveau usé d’une force disproportionnée en tirant à balles réelles sur la population qui pourtant manifestait pacifiquement. Le bilan est lourd. Des centaines de manifestants sont tombés sous les balles à Kinshasa et à Kananga.
Toujours dans sa logique machiavélique de rester au pouvoir, Joseph Kabila vient d’organiser une réunion qu’il qualifie de dialogue avec sa majorité et une frange de marionnettes avec casaque de l’opposition pour se trouver une légitimité après la fin de son mandat. L’issue de ce dialogue vient une fois de plus de reporter l’organisation des élections à 2018 et accorder deux ans à Jo-seph Kabila. Une très grande majorité de la population et de la vraie opposition refuse de se reconnaître dans cet accord anticonstitutionnel.
Le 19 décembre 2016 la population a décidé de descendre dans la rue pour en finir avec Monsieur Kabila dont le bilan de 15 ans de gestion est globalement négatif et entaché de sang: assassinat de Floribert Tchabeya, massacre des étudiants, de la population, arrestations et emprisonnements arbitraires de leaders d’opinion et d’hommes politiques, corruption à grande échelle, détournement de biens publics et gabegie financière.
Appel
Face à la détermination de la population d’en finir avec le pouvoir dictatorial en place et à l’entêtement et la volonté de Kabila de rester à tout prix au pouvoir, le risque d’effusion de sang est très élevé. Nous prenons à témoin l’opinion internationale à qui nous demandons d’user de ses prérogatives pour demander à Monsieur Kabila de quitter le pouvoir comme l’exige la constitution. N’attendez plus que le sang coule pour intervenir. A l’ensemble de la population congolaise déterminée comme un seul homme et une seule femme à défendre la loi fondamentale du pays et la démocratie; soutenons-nous main dans la main pour une action pacifique qui s’inscrira dans la prophétie de Patrice Emery Lumumba: l’histoire du Congo sera écrite par les fils et les filles du Congo. Notre courageuse action du 19 décembre 2016 marquera la fin de l’exercice de pouvoir à vue par des tyrans préoccupés par leur jouissance matérielle et la défense des intérêts des capitalistes qui les protègent.
A tous les militants, militantes et activistes du monde entier qui luttent pour l’avènement d’un nouvel ordre mondial, nous disons que le 19 décembre 2016 le peuple congolais affrontera non seulement Joseph Kabila qui n’est qu’une marionnette, mais aussi et surtout le capitalisme financier qui est l’acteur principal du chaos dans lequel est plongée la RDC depuis l’époque précoloniale. L’ordre en République Démocratique du Congo, c’est la fin du capitalisme mondial, tandis que les désordres en RDC impliquent sa continuité.
Le capitalisme se sert du coltan, de l’or, de l’uranium, du cuivre, du cobalt, des diamants, du pétrole, du zinc, du fer et plusieurs autres minerais du Congo pour asseoir son empire dans le monde. Nous en appelons ainsi à la solidarité internationale pour déboulonner ce système.
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