L’agriculture non-mécanisée a besoin de saisonniers
Sur la base de mes propres expériences et observations, je pense pouvoir affirmer que bon nombre de travaux agricoles et maraîchers sont tellement saisonniers qu’ils n’offrent pas des emplois sur toute l’année.
C’est pour cela que de nombreux paysans bios et traditionnels recourent à l’auto-exploitation ou, comme c’est le cas dans le Valais, à l’aide de la famille ou d’amis pour une cueillette de week-end de tomates et d’abricots, ce qui mène à une sur-offre le lundi.
Certains paysans de l’UDC emploient des stagiaires des pays de l’Est qui peuvent facilement être exploités. D’autres embauchent des travailleurs au noir de Pologne qui ne sont pas assurés et qui sont employés et logés dans des conditions qui ne respectent aucune normes ou conventions.
Ma thèse: la suppression du statut de saisonnier était une erreur.
(...) Certains travaux de la chaîne alimentaire, surtout dans le domaine écologique et biologique, sont très intensifs en travail. C’est pour cela que je plaide pour un meilleur statut de saisonnier pour les travailleurs agricoles avec des conditions de travail, salariales et sociales claires pour donner la possibilité à des employés d’en dehors de l’Union européenne de gagner de l’argent. Un travail saisonnier ne doit pas être mauvais en soi. Le travail saisonnier peut être un apport financier sans mener vers une immigration durable. Des travailleurs saisonniers gagnent de l’argent et créent du bien-être pour leur famille et leur pays d’origine. Leur absence ponctuelle est moins négative pour leurs pays d’origine que le serait une émigration.
Ce serait un moyen de soutenir des petites exploitations agricoles au Maroc ou en Pologne. Des situations semblables et des migrations saisonnières étaient déjà une réalité dans l’Europe du XVIIème siècle (Klaus J. Bade, Europa in Bewegung, Edition C.H. Beck).
Pourquoi un permis de séjour de longue durée et un regroupement familial, s’il n’y a pas de travail ?
Des travaux saisonniers, clairement déclarés, bien payés, avec assurance maladie mais sans AVS (assurance vieillesse) pour des travailleurs de l’extérieur de l’UE, qui ont l’habitude de travaux agricoles, ne sont pas pour moi per se une situation d’exploitation, mais sont une situation de “win-win”*.
Que des RMIstes ne s’intéressent pas à des travaux agricoles me semble clair puisqu’ils viennent majoritairement de zones urbaines et que l’idée du RMI est justement de rendre possible une vie sans travail salarié.
Meilleures salutations
Christian Schwager, Winterthur
* expression tirée de la “théorie des jeux” qui signifie que chacun des partenaires est gagnant