La Suisse devra voter en novembre prochain sur l’initiative Ecopop. Même si ce nom a une consonance plutôt verte, il s’agit bien d’une action de couleur brune.Elle est partie d’une idée de Valentin Oehen, ancien président de l’Action Nationale. Afin d’être mieux acceptée, elle a nettoyé l’odeur d’extrême droite en la vaporisant d’un parfum vert. L’adresse d’Ecopop (Boîte Postale, 8416 Flaach) a également été changée. Cette adresse était la même que le Schweizerzeit, un torchon d’extrême droite d’Ulrich Schlüer, l’un des pires piliers de l’UDC (Union Démocratique du Centre), de même que l’adresse d’expédition des initiatives des expulsions et des minarets…
Les promoteurs d’Ecopop évoquent des thèmes tels que l’urbanisation du paysage, le tiers-monde, les problèmes de circulation, le dumping des salaires, la surconsommation, et voient leur initiative comme un signe contre la croissance économique. Pour eux, l’une des solutions aux problèmes est de réduire l’immigration annuelle à 2% de la population suisse, à l’exception des frontaliers et des courts séjours (autrefois appelés saisonniers). En outre, l’initiative réclame 10% du budget de l’aide au développement – environ 130 millions de francs – pour mettre en place des mesures visant à diminuer le taux des naissances dans le tiers-monde. Nous nous sommes plus particulièrement intéressés à ces points, en nous appuyant sur les statistiques fédérales.
L’urbanisation En Suisse, la soi-disant surface habitable a augmenté de 44% en 25 ans, la population de 17%. Si le pays est trop construit, c’est parce que nous exigeons davantage de place pour habiter, et souvent sur d’anciennes terres agricoles. La deuxième raison de l’urbanisation de la Suisse est un manque de planification pour l’aménagement du territoire. Une bonne planification et des constructions plus intelligentes seraient d’un grand secours.
La circulation Ces 12 dernières années, le trafic en Suisse a plus que doublé par rapport au nombre d’habitants. Les trains et les autoroutes bondés montrent bien que les gens ne peuvent plus travailler là où ils vivent. Si l’initiative est adoptée, l’économie devra davantage compter sur les frontaliers, seuls autorisés à immigrer et à passer chaque jour la frontière pour aller travailler. Il existe d’autres solutions pour nos problèmes de circulation.
Le dumping des salaires L’initiative n’autorisant qu’une main-d’œuvre susceptible de rester moins de 12 mois en Suisse, il y aura quelque 100.000 nouveaux saisonniers, des gens qui sont là seulement pour le travail, isolés, ayant peu de droits, et qui ont dû laisser leur famille à la maison. Non seulement ce statut est inhumain, mais l’absence de droits autorise une exploitation supplémentaire. Naturellement ces personnes vont essayer tôt ou tard de faire venir clandestinement leur famille et de s’installer dans le pays. Ce sont surtout les enfants qui en souffrent, ici comme là-bas.
La surconsommation Ces 50 dernières années, la consommation d’énergie en Suisse a augmenté trois fois plus que la population. Nous n’avons qu'à nous en prendre à nous-mêmes. Une réflexion: les voisins européens (que l’initiative veut empêcher de travailler en Suisse) sont déjà nés et malgré cette initiative, ils vont continuer à vivre et à consommer des ressources, autant que la moyenne européenne et autant que ce qu’ils consommeraient en Suisse.
Migrations du tiers-monde L’écrasante majorité des personnes qui viennent en Suisse pour travailler vient des pays européens. L’immigration de travailleurs en provenance du tiers-monde est déjà interdite en Suisse. Le saviez-vous? Seuls sont autorisés les réfugiés et un petit nombre de personnes hautement qualifiées. L’adoption de cette initiative rend les lois sur l’immigration encore plus inhumaines et leur application plus arbitraire.
Contrôle des naissances L’idée de financer des groupes d’intervention fédéraux avec un budget annuel de 130 millions de francs pour réduire le taux des naissances dans les pays du tiers-monde fait preuve d’arrogance et d’un esprit colonialiste.
Croissance économique Si nous voulons entreprendre quelque chose pour contrer la croissance économique dévastatrice, nous ne devons pas chercher de bouc émissaire mais avoir le courage de nouvelles idées. Bien sûr c’est plus difficile, mais il existe de nombreuses approches à une autre économie, au respect de la nature et à la gestion de nos ressources. Des idées non plus basées sur le «toujours plus» mais sur l’égalité, la justice, davantage de frugalité, l’égalité des droits et des chances, partout dans le monde, et plus d’humanité. L’initiative Ecopop est inhumaine, elle ne résout aucun problème et empêche un véritable renouvellement de la pensée. C’est pourquoi nous vous demandons de voter NON.