Appel du réseau "No Border"

de "No Border", 10 avr. 2010, publié à Archipel 92

La liberté de mouvement et d?installation est un besoin humain fondamental. Les migrations sont un fait, leur autonomie n?a pas pu et ne peut pas être soumise à des règles, comme les Etats et les institutions transnationales le voudraient. L?émigration est une conséquence de l?exploitation économique, de la répression politique et des guerres, mais aussi de l?intérêt légitime des gens pour trouver des conditions de vie meilleures ou différentes.

La liberté de mouvement et d’installation est un besoin humain fondamental. Les migrations sont un fait, leur autonomie n’a pas pu et ne peut pas être soumise à des règles, comme les Etats et les institutions transnationales le voudraient. L’émigration est une conséquence de l’exploitation économique, de la répression politique et des guerres, mais aussi de l’intérêt légitime des gens pour trouver des conditions de vie meilleures ou différentes. La liberté de mouvement pour tous doit devenir une réalité pour laquelle nous avons à nous battre par tous les moyens nécessaires. La liberté de mouvement a été une revendication centrale ces dernières années quand des groupes de base ont commencé à organiser les campements de No Border à différentes frontières de la forteresse Europe: contre les frontières militarisées autour de l’Europe, avec leurs armes, leurs technologies de contrôle et le soutien raciste de beaucoup de gens dans les pays d’Europe. C’est le contraire de notre rêve qui est de créer un monde sans frontières. Nous vivons dans un système capitaliste mondial qui divise les gens. Le système d’exploitation et d’exclusion est soutenu par les frontières internes aussi bien qu’externes de la forteresse Europe ou de ce qu’on peut appeler la “Schengenie”. Il s’appuie sur des lois racistes et sur la barbarie des détentions et des expulsions. Des milliers de gens sont morts à cause du régime des frontières.

Nous assistons actuellement à un renforcement de l’appareil répressif de l’Etat à travers le monde. Si le contrôle des populations locales et des mouvements des gens à travers les frontières n’a rien de nouveau, il s’est accéléré depuis qu’après les attaques contre le World Trade Center et le Pentagone, les gens au pouvoir ont profité du prétexte de la “guerre contre le terrorisme” pour faire passer de nouvelles mesures de contrôle draconiennes. En Europe, après la proposition d’une police anti-émeutes européenne, nous avons maintenant le projet de mandat d’arrêt européen et l’adoption d’une législation “anti-terroriste” commune. Sous prétexte de “lutter contre le terrorisme” , le but réel est d’augmenter le contrôle sur la vie quotidienne et les luttes de tout le monde.

Nous cherchons à agir concrètement contre les instruments du contrôle d’Etat dans toutes ses formes qui prolifèrent. Comme partie de cette lutte, le réseau No Border organise un camp à la frontière pendant l’été 2002 à Strasbourg.

Strasbourg abrite le Système d’Information de Schengen (SIS), une pièce centrale de la machine à contrôler. Cette base de données pour la recherche et le contrôle, avec des dizaines de milliers de terminaux à travers l’Europe, vise avant tout les immigrés. Cependant, elle n’est pas utilisée seulement aux postes frontières, mais sert aussi à étendre le contrôle de l’Etat à chaque coin de rue. Le SIS peut être consulté instantanément pour déterminer si quelqu’un est recherché pour être expulsé ou arrêté, aussi bien que pour fournir d’autres informations utilisées pour surveiller les mouvements et les activités d’un individu.

Contre cet instrument de contrôle et de répression, nous voulons être présents à Strasbourg avec nos actions de protestation et notre critique des institutions européennes et des intérêts qu’elles représentent.

Nous voulons travailler contre toutes les formes d’exploitation et de division, en travaillant ensemble à créer de nouvelles formes de coordination et de résistance. Nous voulons créer une plate-forme d’échange d’information et d’expérience entre les groupes et les individus impliqués dans différentes luttes politiques dans une perspective d’émancipation anticapitaliste. Nous voulons travailler avec les groupes autonomes d’immigrés. Nous voulons relier des gens qui travaillent avec des pratiques politiques différentes et viennent avec des expériences locales variées.

Le camp inclura une diversité d’actions directes depuis les manifestations publiques jusqu’à des formes de “guérilla de communication” . Le camp sera l’occasion d’une quantité de discussions internationales et d’ateliers et nous avons l’intention de créer pendant dix jours un laboratoire de résistance créative et de désobéissance civile.

Le campe de Strasbourg exprimera notre capacité à déterminer nos propres lieux et temps de présence, d’action et de communication.

Nous invitons tous ceux qui sont intéressés à venir participer à cet événement international, à y contribuer et à le soutenir.

Munich, 2 décembre 2001