Balkans: «J'ai vécu quatre guerres: celle des Serbes, celle de l'OTAN, celle des Albanais et celle des Macédoniens»

de Carobella Natura, 21 mars 2010, publié à Archipel 109

Au lendemain de l’entrée des forces de l’OTAN au Kosovo, des Albanais s’en sont pris indistinctement à ceux qui pouvaient être identifiés comme complices des Serbes, en premier lieu les Roms, dont une partie avait remplacé les Albanais lors des purges organisées par Belgrade dès le début des années 90 dans l’administration et les entreprises.

Il aura également suffi de quelques déclarations largement médiatisées d’une poignée de leaders Roms pro-serbes – la majorité des Roms non inféodés à Milosevic étant réduite au silence et une partie poussée dès les années 90 à l’exil – pour que l’extension, malheureusement classique, d’une suspicion légitime envers quelques individus à l’ensemble d’un "groupe" renforce et radicalise un racisme dévastateur: sous l’œil passif de la KFOR, dès juillet 1999, les agressions se multiplient et ce sont des quartiers entiers qui brûlent. Ainsi, 80% des maisons roms auraient été détruites par les bombardements ou les exactions, tant serbes qu’albanaises, et au final, c’est plus de 50.000 Roms qui se retrouvent "déplacés", surtout en Serbie-Monténégro et Macédoine – et pour certains en UE. En 2003, les Roms représentent moins de 1% de la population du Kosovo, contre 4% avant 1999.

Références: Marcel Courthiade, "Les Roms, Ashkalis et Gorans de Dardanie/Kosovo", Les Annales de l’autre Islam (Paris, INALCO), no 7 ("Kosovo. Six siècles de mémoire croisée"), 2000, p. 255-280. Mit’a Castle-Kanerova, "Roma refugees: the EU dimension", in Will Guy (ed.), Between past and future. The Roma of central and eastern Europe, University of Hertfordshire press, 2001, p. 117-133. Divers dossiers publiés par l’European Roma rights center (Budapest): <http://errc.org&gt; et des informations sur <http://www.romnews.com&gt;