Berne 13 novembre 2017

de Claude Braun FCE Suisse, 7 févr. 2018, publié à Archipel 266

Pour contrer cette tentative de publicité du «Groupe de contact de la Méditerranée centrale» sous la direction de Mme Simonetta Sommaruga, une conférence de presse a réuni plusieurs organisations de défense des droits humains. En voici quelques extraits.

Conditions de détention inhumaines en Libye pour les migrants
Les personnes qui choisissent la voie dangereuse de la mer pour chercher refuge en Europe le font seulement en cas d’extrême nécessité. C’est pourquoi la stratégie des Etats européens de soutenir et de former les garde-côtes libyens constitue une vision politique cynique et de très court terme. «Renvoyer des personnes dans un contexte où elles vont être exposées à des traitements dégradants et inhumains, à la torture et aux violences sexuelles constitue en soi une violation des droits humains» affirmait Caroline Abu-Sada, la directrice de SOS Méditerranée Suisse. La voie maritime est toujours empruntée alors que les mesures en place la rendent toujours plus dangereuse et que les restrictions sur les activités des ONG augmentent, «il est impératif d’augmenter les opérations de sauvetage en mer et de cesser de criminaliser les ONG engagées dans celles-ci tant que les gens n’ont pas d’autres options que la voie de la mer pour fuir.»

Les campagnes de diffamations doivent cesser
Le père Mussie Zerai, d’origine érythréenne, s’engage depuis des années pour les réfugié·es en situation de détresse en mer. Il leur donne leur position GPS et essaie d’organiser de l’aide, des centaines si ce n’est des milliers de personnes doivent leur survie à son engagement sans faille. La criminalisation croissante l’affecte aussi de façon personnelle. En effet, le procureur de Trapani en Sicile a ouvert une enquête judiciaire contre lui. Il témoigne: «Il s’agit d’une véritable campagne de diffamation. Depuis quelques mois on fait face à une campagne politique et médiatique contre toutes les ONG qui se montrent solidaires envers les réfugiés et migrants».

Responsabilité de la Suisse et de l’Europe
La situation actuelle des migrants en Afrique du Nord est grave et les pays occidentaux en sont responsables. La Suisse n’est pas en reste: en accueillant des multinationales qui continuent de piller les pays africains – comme l’ont encore récemment révélé les Paradise Papers, elle est coresponsable de la fuite de centaines de milliers de personnes. En soutenant la politique européenne d’externalisation et de sécurisation à outrance des frontières, elle contribue à la situation dramatique en Libye et à la violation des droits des migrants. Pour Sophie Guignard, co-présidente de Solidarité sans frontières, «la rencontre du groupe de contact de la Méditerranée centrale n’est pas une occasion pour la Suisse de faire honneur à sa tradition humanitaire».

Revendications
Lors de la conférence de presse qui a trouvé un grand écho, les revendications suivantes ont été formulées:
La mise en place par les Etats européens de passages sûrs et des voies légales de migration pour toutes et tous.
L’arrêt immédiat et total du soutien financier, institutionnel et matériel aux garde-côtes libyens qui ramènent les personnes en Libye où elles sont exposées à des violations graves de leurs droits fondamentaux, ainsi que la mise en place de mesures de protection adéquates en Libye.
Un arrêt de la criminalisation des opérations de sauvetage en mer. Il est nécessaire de continuer à prêter assistance à tout bateau en mer qui se trouve en situation de détresse.
La contribution de manière significative à la protection des migrants et migrantes se trouvant sur son territoire par le gouvernement suisse et plus particulièrement par le Secrétariat d’Etat aux migrations. Il est impératif que ceux-ci écoutent la société civile suisse qui dénonce depuis des années, entre autres, l’application impitoyable du règlement Dublin.