COMMENTAIRE: Ensemble, tout devient possible

26 mai 2010, publié à Archipel 150

En France, des dizaines de milliers de personnes, dans les centres-villes comme dans les ghettos, ont réoccupé la rue pour refuser la promesse d’une nouvelle civilisation de la peur.

C’est là l’état de fait que l’ensemble de la classe dirigeante, par l’intermédiaire des médias, cherche à nier en ne cessant d’invoquer la soi-disant vitalité des institutions démocratiques. Ils ont beau jeu de proclamer que la démocratie a parlé, alors que le système est à bout de souffle, et ne peut que se militariser de plus en plus.

Le régime actuel est l’achèvement de 30 ans d’immondices: sans-papiers expulsés, jeunes immigrés assassinés, torturés dans les commissariats, génocide au Rwanda, culte du Dieu travail, retour à un ordre moral. Est-il utile de rappeler aussi ce que chacun vérifie au quotidien: pas de fric pour les loyers, la bouffe, les transports, les impôts, l’armée dans les gares et les CRS 24h/24 dans les cités et la ville. Tout cela nous l’avons eu grâce à la démocratie et ses responsables de gauche et de droite.

Mais la menace qui se fait jour paraît encore plus insensée, plus terrible. Voici venu le temps du génie génétique et de l’eugénisme, des caractères considérés comme déviants pour l’ordre de la démocrature, des puces invisibles (puces humaines détectées par GPS) pour éviter la fauche et traiter le fichage des consommateurs, le travail gratuit pour les RMIstes, l’illégalité des grèves.

Tout ce qui empêche le business est dorénavant considéré comme criminel et terroriste, menace pour la civilisation.

La participation massive est l’adhésion au règne de la peur, peur des banlieues pour les électeurs de Sarkozy, peur de Sarkozy pour les électeurs de Royal. Ceux qui n’ont pas peur sont descendus spontanément dans la rue le dimanche soir pour qu’enfin une résistance conséquente s’organise. Une résistance débarrassée des illusions de la représentation, sans chien de garde syndical ou politique.

Déjà des complicités se font jour malgré le silence et le mensonge médiatiques. Ce qui doit se propager dans toute la population, c’est un goût immodéré pour la résistance, chacun avec ses moyens, ses possibilités. Déjà, c’est arrêter de se taire dans la rue, dans nos vies.

Arrêter d’avoir peur, c’est la première étape pour retrouver notre dignité, pour reprendre le dessus sur une vie qu’on nous confisque, à laisser faire des spécialistes pacificateurs, pharmaciens et sociologues.

Qu’une onde de choc se propage à travers le territoire et que la résistance populaire reprenne l’offensive.