Déclaration commune contre la répression au Mexique

de Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas, 22 août 2015, publié à Archipel 239

En réponse aux manœuvres mises en place par le gouvernement fédéral mexicain afin de faire taire la lutte pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus*, et face au climat de violence, d’autoritarisme, de corruption et d’impunité que traverse le Mexique, nos compañeros et compañeras parents et étudiants de l’école normale rurale d’Ayotzinapa avaient appelé, depuis plusieurs mois, au boycott du processus électoral du 7 juin dernier.

La proposition fut largement soutenue par de nombreuses communautés indiennes, par le mouvement professoral dissident des Etats de Oaxaca, du Chiapas, du Michoacán et du Guerrero principalement, ainsi que par la jeunesse contestataire de tout le pays.
La réponse du gouvernement face à l’organisation du peuple et des différents mouvements sociaux mexicains contre la farce électorale a été une nouvelle fois marquée par la répression, la violence, et une militarisation démesurée des différentes régions du pays.
L’intervention des forces de sécurité et de groupes de choc armés au service de différents partis politiques durant les jours précédant les élections et durant la journée électorale du 7 juin, s’est soldée par un grand nombre de blessés graves et l’arrestation de près de 130 personnes dans différents Etats du Mexique, principalement à Oaxaca, au Guerrero, au Chiapas et dans le Michoacán.
Les faits survenus le soir du 7 juin dans la ville de Tlapa (Guerrero) ont été particulièrement violents. Le gouvernement a coupé court à toute possibilité de dialogue avec les habitants de la localité qui avaient retenu prisonniers près de 35 policiers en réponse aux perquisitions et aux arrestations arbitraires réalisées quelques heures auparavant contre des membres de la Coordination des Travailleurs de l’Education de l’Etat du Guerrero (CETEG). La police fédérale procéda ce soir-là à une violente opération, surgissant dans les domiciles privés de la population, utilisant gaz lacrymogènes et armes à feu, et assassinant notre compañero Antonio Vivar Diaz.
Face à cette nouvelle agression du gouvernement mexicain, qui ne fait que nous rappeler le degré de pourrissement d’un système politique et économique qui se contente d’obéir aux intérêts des mêmes depuis toujours, et qui n’apporte rien d’autre au peuple mexicain que la misère, la spoliation de ses biens et l’insécurité, nous nous solidarisons avec nos compañeros et compañeras en lutte et exigeons:

  • la libération de toutes les personnes arrêtées dans ce contexte électoral;
  • la garantie de l’intégrité physique de la population de Tlapa et des personnes encore détenues;
  • la garantie d’une attention médicale et psychologique intégrale pour les personnes blessées;
  • l’établissement de la vérité sur les faits survenus à Tlapa, et que les dommages infligés aux familles et aux victimes soient intégralement réparés;
  • que soit respectée l’annulation du processus électoral à Tixtla;
  • que soit respectée la volonté des communautés ayant décidé de fonctionner au travers de conseils populaires élus en assemblée directe (Tixtla, Cherán, Álvaro Obregón, Ayutla, Tecoanapa, etc.);
  • que réapparaissent vivants nos 43 compañeros étudiants disparus d’Ayotzinapa.
    Ni pardon, ni oubli pour Antonio Vivar Díaz, assassiné à Tlapa!

Signataires: Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte (Paris – France); Collectif Paris Ayotzinapa; Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques (CSIA – Nitassinan, France); Secrétariat international de la CNT (France); Union syndicale «Solidaires» (France); Syndicat SUD Education (France); Alternative libertaire (France); Terre et Liberté pour Arauco (France); Compagnie de théâtre Tamèrantong! (Paris, France); Mut Vitz 13 (Marseille, France); Collectif Grains de Sable (Mexique – France); Association Espoir Chiapas (Mexique - France); Coordination des Groupes Anarchistes - Région Parisienne.