ROMS: Parrainer Djandi-Djando

de Johanna Bouchardeau, 30 mars 2015, publié à Archipel 235

Dans le N° 227 de juin 2014, nous vous avions informé-e-s sur un projet d’échange entre jeunes Roms et leurs ami-e-s de trois pays: la Serbie, la France et l’Allemagne. Cette initiative, basée sur des relations d’amitié entre des Roms de Serbie («rapatriés» d’Allemagne en 2003) et des militantes allemandes pour le droit de séjour des Roms, a déjà organisé plusieurs rencontres (2012-2014). La dernière en date a eu lieu l’été 2014 à Belgrade (voir Archipel N° 230) où une vingtaine de jeunes entre 13 et 24 ans avaient travaillé pendant une semaine avec un groupe de hip-hop rom de Belgrade (Roma Sijam) sur le thème de la discrimination, avec la danse, le théâtre et la vidéo.1

De nouveaux projets sont imaginés, notamment une nouvelle rencontre pour jeunes l’été 2015 à Marseille, puis une rencontre de femmes2, et un séminaire de formation pour adultes (éducateurs et éducatrices, instituteurs et institutrices, …) sur l’antiziganisme en Europe. Du pain sur la planche!
Vojni Put Les visites au quartier Vojni Put dans le faubourg de Zemun, où habitent les ami-e-s roms, ont constitué des moments importants de la rencontre de l’été passé. C’est le vieux quartier des Roms de Belgrade, construit sans aucune permission à partir de 1957, où des milliers de familles roms, venues des pays alentour à la recherche d’une vie meilleure se sont implantées dans la Yougoslavie de Tito, en construisant des petites maisons, la plupart très modestes. Souvent des familles nombreuses vivent là dans deux ou trois pièces, mal isolées, mal chauffées en hiver. C’est le plus grand quartier illégal de Belgrade, un squat à ciel ouvert. A Vojni Put les rues sont rarement asphaltées et les services municipaux, adduction d’eau, égouts ou ramassage des poubelles fonctionnent tant bien que mal. De 6.000 à 8.000 Roms vivent là de débrouille, avec souvent des petits boulots aléatoires. Ca ressemble à un petit village rural où reste vivant un esprit de partage et de solidarité et où tout le monde se connait. J’y ai trouvé exactement la même ambiance que dans les quartiers populaires de Caracas au Venezuela, l’organisation politique en moins.
Il faut ajouter que ce quartier est bien mieux loti que les quelque 150 bidonvilles dans lesquels vivent les Roms arrivés ultérieurement, durant et après la guerre de Yougoslavie, surtout les réfugié-e-s du Kosovo après les bombardements de l’OTAN. Là, la misère est indescriptible.
Djandi-Djando Nos ami-e-s Nedjat et Iva Sinani et leurs 3 filles ont ré-atterri là après leur «retour volontaire» d’Allemagne en 2003. Ils ont retrouvé la petite maisonnette où vivait Stanka, la mère de Nedjat et son frère. C’est dans ce quartier qu’en 2011 ils/elles ont fondé l’association «Vakti» (il est temps), qui tente de mettre sur pied des activités culturelles et éducatives pour les enfants roms.
Dans un premier temps, l’activité principale de Vakti était surtout l’organisation des rencontres internationales (une semaine par an), puis le programme Djandi-Djando (la maline/le malin) a vu le jour en 2014, soutenu par des associations et des particuliers d’Allemagne et de France. Pendant 6 mois, de janvier à juin, une trentaine d’enfants entre 7 et 14 ans ont pu bénéficier d’heures de soutien scolaire, tous les jours de la semaine, en particulier en langue serbe et en mathématiques, principales matières qui posent problème dans le système scolaire serbe, dans lequel ces enfants ont du mal à trouver leur place. Nombre d’entre eux ont habité plusieurs années à l’étranger avec leurs parents et ne connaissent pas forcément bien le serbe. De plus, la discrimination à l’école, et dans la société en général, est encore un problème majeur en Serbie4.
Jusqu’à présent, c’est Nedjat, l’animateur de Vakti, qui donnait les cours et était salarié provisoirement et officiellement, car il était sans travail.
Plusieurs ami-e-s participaient en tant que bénévoles et les enfants, ainsi que leurs parents, étaient enthousiastes pour continuer cette activité. Le lieu était aussi devenu un petit centre culturel et social rom où on chantait, faisait des fêtes et où les enfants recevaient tous les jours un goûter.
Si je parle au passé, c’est que depuis la rentrée scolaire de septembre, le programme a dû être interrompu, faute des fonds nécessaires.
Sans nouveaux soutiens, l’activité ne pourra être poursuivie. Et comment la financer dans un pays où aucune instance gouvernementale serbe ne l’appuiera et où les organisations roms sur place sont totalement débordées. Les parents des enfants vivent la plupart du temps sous le seuil de pauvreté et ne peuvent financer Djandi-Djando. Les associations allemandes (Balkanbiro) et françaises (L’Artichaut de Marseille) sont actuellement à la recherche de nouveaux soutiens. Toutes les aides sont les bienvenues, mais nous recherchons spécifiquement des personnes qui seraient prêtes à soutenir le programme Djandi-Djando par un versement mensuel et régulier afin de pérenniser le travail: un parrainage à plus long terme. Seriez-vous prêt-e à verser 10, 20, 50 euros (ou un autre montant) par mois pour cette action5? Vous trouverez sur le site de <vakti.org> une vidéo et des photos sur Djandi-Djando (version allemande).
Pour toutes informations complémentaires et si vous décidez de devenir marraine ou parrain de Djandi-Djando, vous pouvez me contacter6.

  1. Vous pouvez commander le DVD «Devenir sans frontières» sur les rencontres d’été et le travail sur la discrimination (en allemand, français, serbe et romanès) à <johanna.bouchardeau(at)gmail.com>.
  2. Pour la rencontre de femmes, toujours des trois pays (femmes roms de Serbie, Allemagne, France et des amies non-roms) nous cherchons des organisations de femmes et/ou ONG qui pourraient soutenir une telle démarche. A vos carnets d’adresses!
  3. Voir <vakti.org>.
  4. Voir Les Roms en Serbie: différents, mais égaux?, Archipel No 234, février 2015.
  5. Vous pouvez virer vos soutiens ponc-
    tuels ou réguliers sur le compte en Allemagne: balkan: biro e.V.
    Titulaire du compte : Katrin Schnieders
    IBAN: DE95 4005 0150 0034 3824 24
    BIC: WELADED1MST
    BLZ: 40050150
    No de compte: 34382424
    Mention «Djandi Djando Belgrade»
  6. <johanna.bouchardeau(at)gmail.com>