HAUT-PARLEUR: En haut les murs, en bas à gauche les brèches

de Depuis les montagnes du sud-est mexicain. Sous-commandant insurgé Moisés,Sous-commandant insurgé Galeano Mexique, 14 février (jour de nos mort·e·s) 2017, 26 avr. 2017, publié à Archipel 258

Nous reproduisons ici un appel venu du Mexique, des zapatistes, peuple mexicain en lutte depuis de nombreuses années. Des luttes que nous avons relayées dans nos lignes à plusieurs reprises. Cet appel de février 2017 concerne les peuples en fuite, tentant de survivre aux pires conditions et rejetés par des barrières ou des murs érigés sur leur chemin par des forces hostiles.

La Commission Sexta de l’EZLN et les bases de soutien zapatistes convoquent à une campagne mondiale: face aux murs du capital, résistance, rébellion, solidarité et soutien d’en bas à gauche.2
Avec pour objectif d’appeler à l’organisation et à la résistance mondiale face à l’agressivité des grandes fortunes et de leurs différents contremaîtres sur toute la planète, qui terrorisent déjà des millions de personnes dans le monde entier:
Nous appelons à s’organiser avec autonomie, à résister et à se rebeller contre les persécutions, les détentions et les déportations. Si quelqu’un·e doit s’en aller, que ce soit elleux, celleux d’en haut. Chaque être humain a droit à une existence libre et digne à l’endroit qui lui paraît le plus approprié, et a le droit de lutter pour y rester. La résistance aux détentions, évacuations et expulsions est un devoir, tout comme il est un devoir de soutenir celleux qui se rebellent contre ces actes arbitraires, quelles que soient les frontières.
Il faut faire savoir à tous ces gens qu’ils ne sont pas seuls, que leur douleur et leur rage est observée même à distance, que leur résistance n’est pas seulement saluée, mais aussi soutenue, même si c’est avec nos maigres possibilités.
Il faut s’organiser. Il faut résister. Il faut dire «NON» aux persécutions, aux expulsions, aux prisons, aux murs, aux frontières. Et il faut dire «NON» aux mauvais gouvernements nationaux qui ont été et sont complices de cette politique de terreur, de destruction et de mort. D’en haut ne viendront pas les solutions, parce que c’est là que sont nés les problèmes.
C’est pour cela que nous appelons la Sexta dans son ensemble à s’organiser, selon son calendrier, son fonctionnement et sa géographie, afin de soutenir dans et avec des activités celleux qui résistent et se rebellent contre les expulsions. Que ce soit en les soutenant pour qu’illes retournent chez elleux, que ce soit en créant des «sanctuaires» ou en soutenant ceux qui existent, que ce soit par du conseil et des soutiens juridiques, que ce soit avec de l’argent, avec les arts et les sciences, avec des festivals et des mobilisations, avec des boycotts commerciaux et médiatiques, que ce soit dans l’espace cybernétique, comment et où que ce soit. Dans tous les espaces où nous nous déplaçons c’est notre devoir de soutenir et de nous solidariser.
Le moment est venu de créer des comités de solidarité avec l’humanité criminalisée et persécutée. Aujourd’hui plus que jamais auparavant, leur maison est aussi la nôtre.
En tant que zapatistes, notre force est modeste et, bien que notre calendrier soit large et profond, notre géographie est limitée.
Pour cette raison et pour soutenir les personnes qui résistent aux détentions et aux déportations, depuis quelques semaines la Commission Sexta de l’EZLN a commencé à prendre contact avec des individu·e·s, groupes, collectifs et organisations adhérentes à la Sexta dans le monde pour voir comment leur faire parvenir une petite aide qui puisse leur servir comme base pour lancer ou continuer toute sorte d’activités et d’actions en faveur des pourchassé·e·s.
Pour commencer, nous enverrons les œuvres artistiques créées par les femmes et hommes indigènes zapatistes pour le festival CompArte [pARTage] de l’année dernière, ainsi que du café organique produit par les communautés indigènes zapatistes dans les montagnes du sud-est mexicain afin que, par le biais de leur vente, illes puissent réaliser des activités artistiques et culturelles afin de concrétiser le soutien et la solidarité avec les migrant·e·s et les déplacé·e·s qui, dans le monde entier, voient leur vie, leur liberté et leurs biens menacés par les campagnes xénophobes promues par les gouvernements et l’ultra-droite.
Cela pour le moment. Nous concevrons petit à petit de nouvelles formes de soutien et de solidarité. Les femmes, hommes, enfants et anciens zapatistes ne vous laisseront pas seul-e-s.
Nous convoquons toutes et tous les artistes à la seconde édition du CompArte avec pour slogan: «Contre le Capital et ses murs: tous les arts réunis» qui sera célébré dans le monde entier et sur l’espace cybernétique. La partie «réelle» aura lieu du 28 au 29 juillet 2017 dans le caracol d’Oventic et au CIDECI-Unitierra3. L’édition virtuelle sera du 1er au 17 août 2017 sur la toile. Nous donnerons plus de détails bientôt.
Nous vous invitons également à être vigilant·e·s aux activités convoquées par le Congrès National Indigène dans le cadre de son propre processus de formation du Conseil Indigène de Gouvernement.
Nous convoquons les scientifiques du monde à la deuxième édition du ConSciences pour l’Humanité avec pour thème: «Les sciences face au mur», qui sera célébré du 26 au 30 décembre 2017 au CIDECI-Unitierra, San Cristóbal de Las Casas, Chiapas, Mexique, et sur l’espace cybernétique. Nous donnerons prochainement plus de détails.
Ce n’est pas tout. Il faut résister, il faut se rebeller, il faut lutter, il faut s’organiser.
Depuis les montagnes du sud-est mexicain.
Sous-commandant
insurgé Moisés
Sous-commandant
insurgé Galeano
Mexique, 14 février (jour de nos mort·e·s) 2017

  1. En février et mars 2013, une série de communiqués intitulés Eux et nous annonce une nouvelle étape de la lutte zapatiste, la mise en place d’un réseau planétaire de luttes, nommée la Sexta. Texte entier:
    <http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2013/02/06/eux-et-nous-v-la-sexta/&gt;
  2. L’intégralité de l'appel sur <http://cspcl.ouvaton.org/spip.php?article1274&gt;
  3. Le Centre indigène de formation intégrale (Université de la Terre) est né dans la mouvance de l’action de l’ancien évêque du Chiapas Samuel Ruiz, un des défenseurs de la théologie de la libération, qui a été très importante pour les communautés indiennes qui ont ensuite formé l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN).