PUBS: Des revues, par centaines...

de Z c/o La parole errante 9, rue François Debergue, F- 93100 Montreuil, 9 juin 2010, publié à Archipel 181

Il semble que tou-te-s nos ami-e-s se mettent à produire des revues! Après Z (voir présentation dans archipel N°173), dont c’est déjà le troisième numéro, et Timult (présentation dans Archipel N°175) N°2, voici la petite dernière, qui s’appelle tout simplement «Nous autres» et dont nous publions ici l’édito.

Nous autres N°1

Une nouvelle revue. Une de plus, pourquoi? D’abord pour approfondir nos réflexions par l’écriture. Et les partager. Ecrire au-delà d’un tract, qui se réduit trop souvent à des formules dictées par l’urgence, faisant l’économie d’une réflexion patiente, qui veut efficacement mobiliser, plutôt qu’explorer avec finesse les complexités de ce monde et les possibilités de le renverser. Ecrire pour laisser des traces, et retrouver celles de ceux qui nous ont précédés. Parce que nos vies et nos luttes actuelles se nourrissent d’interrogations du passé. Et que c’est de celle-ci que jaillissent nos images de l’avenir. Ecrire pour échanger plus largement qu’à l’échelle d’une ville ou d’une région, d’une déambulation locale ou d’une grande manif syndicale.

Nous autres est une initiative prise par des gens qui, en vivant à Montreuil ou dans les campagnes de l’Ariège ou du Tarn, cherchent à poser les bases d’une forme populaire de résistance conséquente au capitalisme, en se libérant autant que faire se peut des contraintes de l’argent et du salariat, et en mettant à cette fin tout ce qu’il faut en commun. Nous autres, s’adresse à ceux qui luttent contre diverses formes de domination (capitaliste, étatique, patriarcale, médiatique, etc..), et qui le font sans s’inféoder à des organisations qui les dépossèdent de leur capacité d’agir et de penser. Qui luttent, donc, en s’organisant à leur propre échelle, humaine et locale, sans pour autant perdre de vue que leur combat ne prend sens que dans un mouvement plus global, et a besoin d’un souffle plus large.
Nous partons d’une constat: entre nous tous, tous ceux et toutes celles qui peuvent se reconnaitre dans les lignes qui précèdent, il y a bien une forme de «communauté», même purement immédiate et négative, liée à ce qui est rejeté d’emblée. Nous nous croisons dans les mêmes lieux et les mêmes manifs, nous partageons des luttes et des amitiés, nous discutons et nous doutons ensemble. Mais il y a aussi des divergences en termes de partis pris, de stratégies, de formes de vie. Des différences qui peuvent prendre la forme d’opposition entre individus, entre groupes, entre tendances. Entre ceux qui mettent en avant le dégoût du profit et ceux qui s’attaquent à la technoscience. Entre ceux qui misent sur l’autonomie vivrière et ceux qui revendiquent un revenu minimum garanti. Entre ceux qui font le pari de l’insurrection ici et maintenant et ceux qui croient préférable de construire des mondes en essayant de se détacher des opportunités activistes, etc.
Nous partons du fait que ces divergences nous traversent: que les hypothèses que nous ne suivons pas d’emblée ne nous font pas face comme des ennemis qui nous seraient irréductiblement étrangers. Qu’elles nous interpellent de l’intérieur, figurent des possibles en nous, quelle que soit l’intensité avec laquelle on les rejettera à telle ou telle occasion. Et que cette pluralité doit se dire. Ce qui importe dans Nous autres, c’est autant la communauté que l’altérité. Autant le constat que l’on se rejoint en dépit de toutes nos divergences, que le fait que l’on s’oppose malgré tout ce qui nous unit. C’est l’idée que cette diversité peut être une richesse et doit dialoguer, pour permettre à chacun d’enrichir les questionnements qui le déchirent.
Bref, Nous autres veut être un organe de décloisonnement des luttes, des territoires, des milieux et des questionnements. Non pas dans la perspective (naïve) d’une hypothétique «convergence des luttes», mais juste pour susciter des effets de composition qui ne pourront que nuire à ce qui nous nuit à tous.
Nous voulons produire recueillir et diffuser des textes, des analyses, des récits de luttes d’ici et d’ailleurs, pour faire lien entre tous ceux et toutes celles qui, d’une manière ou d’une autre, prennent une part active dans l’affrontement avec ce qui nous empêche de vivre libres, avec celles et ceux qui essayent de dessiner de nouvelles perspectives. Faire lien, dans l’espoir de susciter des compositions inattendues entre les communautés rurales et urbaines, entre les lieux collectifs et les autres, entre ceux qui participent aux «mouvements sociaux» et ceux qui pensent le politique en dehors des «luttes catégorielles». Voilà pourquoi Nous autres n’a pas de «ligne» au sens courant, mais tout au plus un «esprit». Voilà pourquoi nous espérons qu’il y a aura de plus en plus de contribution extérieures, et pourquoi nous vous incitons à nous envoyer vos chroniques (analyses des luttes et des offensives en cours), vos reculs (textes plus théoriques et historiques) et vos réactions (comptes-rendus de livres, de revues, de films, etc.)
Nous autres
Contact: nousautres(at)ptitcanardnoir.org

Timult n°2

Timult n°2 est sorti le 8 mars 2010! Timult, une revue qui parle de luttes sociales et d’aspirations à changer le monde. Une revue qui explore de nouvelles façons de faire de la théorie politique, en imbriquant les récits de vie, les émotions et les analyses, en expérimentant des manières d’écrire, d’inciter et d’aider à l’écriture (ateliers, invitations, écritures collectives...).
Une revue pour être plus fort-e-s et plus habiles face aux oppressions, mais que nous voulons aussi belle et pour nous faire plaisir!

Au sommaire

Instantané: Transgression et illégalité (4 textes réalisés en atelier d’écriture);
Fragments et racontars: Il y a un cauchemar dans mon placard (Récit d’une politisation dans le sillage de la répression, au temps des contre-sommets);
Stratégie: La Mentalité du mangeur de viande (Exploration autour des idéologies dominantes et des réflexes identitaires dans les postures militantes);
Mon corps est un champ de bataille: Vagins de famille (autour du corps et de la sexualité, coup de projecteur sur des réalités soigneusement camouflées);
Courriers: De nombreuses réactions à la publication du N°1 de Timult;
Notes de lectures et autres brèves: Femmes kurdes dans la lutte armée;
Des émissions radio qui valent le coup.
Revue diffusée à prix libre partout et au prix de 3 euros en librairie.
Si vous avez envie de le lire ou de le diffuser, faites-nous signe!
Contact:
TIMULT, 15 rue Jacquet, 38100 Grenoble. timult (at) riseup.net
Z N° 3
Après un automne sur les routes du Nord, le numéro 3 de Z sort des presses.
Il rend compte des combats ouvriers rencontrés à Amiens et ses alentours, pose la question de l’autogestion, mais aussi celle de la production et de ses finalités.
Au cœur de notre itinérance en Picardie: des ouvriers qui se battent dans une région frappée par la désindustrialisation. Goodyear, Dunlop, Manufacture française de sièges, Continental... Autant d’usines à Amiens et ses alentours dans lesquelles nous avons rencontré ceux qui refusent de baisser la tête. Souvent sans aucun soutien des confédérations syndicales, ces travailleurs se démènent pour le maintien de leur emploi, contre de nouvelles cadences ou pour arracher de conséquentes indemnités de licenciement.
De prime abord défensives, ces luttes n’incarnent-elles que l’image d’un monde ouvrier désabusé, réduit à parer les coups du management moderne et des «lois» de l’économie?
Nous avons eu un autre sentiment: loin d’être le reflet d’un simple sursaut de dignité ponctuel et évanescent, ces mouvements ouvriers ouvrent des possibles – ici et là.
Aussi au sommaire: un dossier sur la fièvre catarrhale ovine (FCO) qui donne la parole à des bergers en colère, un reportage sur la lutte des Kurdes contre les barrages hydrauliques turcs, un retour chronologique sur le fiasco des débats publics au sujet des nanotechnologies un reportage sur les hortillonnages d’Amiens (ces jardins potagers autogérés – ou pas), une enquête sur les puces RFID dans les transports en commun de Lille, un photo-reportage sur les migrants de Calais, un entretien imaginaire avec un millénariste du XVème siècle... et bien d’autres surprises!
Disponible en librairie ou sur commande, 192 pages, 10 euros.
Plus que jamais, Z invite ses lecteurs à participer à ses aventures : nous partons ce lundi 5 avril pour Nantes et allons y rester plus d’un mois... Discuter, rencontrer, enquêter sur les questions de capitalisme vert, d’écologie radicale, de contrôle verdoyant... Si vous voulez écrire, dessiner, photographier, maquetter, graphiquer, imprimer, etc., avec nous, écrivez-nous.

Contact:
Z c/o La parole errante 9, rue François Debergue, F- 93100 Montreuil
contact(at)zite.fr, www.zite.fr