QUESTIONS D'HIER ET DE DEMAIN: Sur les traces oubliées de l’Utopie

de Jean-Marie Chauvier, 11 mars 2010, publié à Archipel 180

«Le Communisme tout de suite!» Non mais, quelle horreur! Ou quelle bonne surprise? Le slogan, en ces temps lointains, provoquait les réactions viscérales que l’on connaît toujours. Sauf que ce n’était pas qu’un slogan. De vraies vies vécues, en groupes et en trombe, comme une pluie de comètes rapidement évaporées! L’historien français Eric Aunoble1 vient d’en capter l’improbable lumière. On se demande s’il n’a pas rêvé.

Mais non: il est allé fouiller dans la région de Kharkov (Kharkiv en ukrainien), dans des archives provinciales couvertes de la poussière des ans. Et qui n’intéressent personne, ou peu s’en faut. A quoi bon cette curiosité pour une «micro-Histoire» qui n’a pas imprimé sa marque au siècle?

La table n’est pas riche...

Le temps: 1919. C’est «L’année nue» de l’hallucinant roman de Boris Pilniak, en immersion dans le pays profond saisi de folie révolutionnaire.
Le romancier y voit surtout la pure révolte russe, païenne et sauvage venue du fond des âges, parente des insurrections de Stepan Razine et Pougatchev, rien moins que respectueuse des idéologies et des bonnes mœurs. C’est la revanche de l’anarchie contre le despotisme, ce fameux «retour de balancier» que l’on dit caractéristique de l’Histoire russe. De cette même période, la plupart des historiens nous narrent des batailles d’armées de toutes les couleurs, des querelles idéologiques, les affres et les boucheries bien réelles d’une guerre civile, ses pogromes. Eric Aunoble, historien lui aussi, n’a pas oublié qu’au cœur de la tourmente, il est des gens qui survivent et, parfois, réinventent la vie dans les failles ouvertes par le grand chambardement. Il y est donc allé chercher les traces, les archives de la «Kommuna», qui n’est pas le seul produit de la «sauvagerie».
La Commune? Article n°1: «Tout appartient à tous et, dans la commune, personne ne peut désigner une chose comme la sienne, à l’exception des objets de consommation personnelle; dans la commune, chacun travaille selon ses forces et reçoit selon ses besoins, dans les limites des possibilités économiques de la commune; le travail se fait collectivement». Nous sommes dans une campagne ravagée par la misère et la guerre. «Quelques milliers de paysans pauvres vont choisir en cette fin d’hiver de tenter d’édifier, hic et nunc, le communisme dans son acceptation maximale». On est loin du marxisme orthodoxe, qui veut que l’abondance préalable, la haute productivité et l’éducation créent les conditions (lointaines) d’un communisme autre que de pauvreté partagée. Mais Lénine, volontariste, avait déjà renoncé à ce marxisme-là en prétendant allumer en Russie «pays arriéré» et rien moins que «mûr pour le socialisme» l’incendie de la révolution mondiale. La Commune (politique) tentait l’aventure à Munich, Berlin, Hambourg, Budapest, Turin… au Vietnam et en Chine, tandis que la Kommuna (agricole) se mettait à l’œuvre en Russie et en Ukraine.
«La table n’est pas richement dressée, mais elle est ouverte à tous». Un invalide incapable de travailler y trouve sa place. Des femmes y acquièrent même quelques droits, une crèche, les décisions se prennent en assemblées générales, «la longueur des réunions peut s’expliquer en partie par la logorrhée des militants», il est vrai que l’illettré «devait connaître à son tour l’ivresse des mots produisant du pouvoir».
Il y avait 202 communes en Ukraine en mai 1919, dont 79 dans la province où Eric Aunoble a récemment exploré les archives: «jamais une telle documentation n’avait été rassemblée».

Qui sont ces communards?

Ce ne sont pas des «missionnaires» communistes ou populistes, ni des adeptes de Kropotkine ou de Tolstoï, ni des citadins de «retour à la terre» par idéal ou par… obligation de se nourrir, migration de masse lors de la guerre civile.2
Les acteurs fondateurs sont des paysans pauvres, qui choisissent de «vivre autrement». Plutôt que d’une «paysannerie», on parlerait de «sous-prolétaires» en manque de terre. La moitié du peuple des communes étudiées est composée d’enfants et d’adolescents. La moyenne d’âge des adultes est de 34,5 ans. Ce qui est déjà «très âgé» dans un pays où l’espérance de vie moyenne est de 30-40 ans. Un «foyer» compte environ 4,59 membres, bien en dessous de la moyenne ukrainienne. 34% des hommes sont alphabétisés, 6,67% des femmes. Il y a très peu de biens et d’outils, les trois quarts n’ont pas de bétail, il y a sept charrues pour 52 foyers. A propos, sur la couverture de l’ouvrage d’Aunoble figure le premier emblème soviétique, oublié lui aussi: la charrue et le marteau.

Une guerre civile internationale

Nous sommes en mars 1919, en Ukraine du Nord-Est, République socialiste soviétique depuis décembre 1918, dans la région de Kharkiv (Kharkov), où l’on parle le «surjik», le dialecte russo-ukrainien toujours en usage.
En ces temps-là (1919-20), l’Ukraine est partagée, grosso modo, entre républiques soviétiques et Armée Rouge au Nord, à l’Est et au Sud (Odessa et Crimée), forces anarchistes de Makhno au Sud-Est (Zaporoje), forces nationalistes ou «pétliouristes» (du chef, Simon Pétlioura) de la République Populaire d’Ukraine3 au Centre et à l’Ouest, forces polonaises à l’Ouest.
S’y ajoutent, dans cette guerre civile que l’on dit «russe», des Allemands, des Tchèques, des Roumains, des Hongrois, des Anglais, des Américains, des Japonais, des Français. Une quinzaine d’Etats «interviennent» aux côtés des forces contre-révolutionnaires ou antibolcheviques, et des dizaines de peuples sont entraînés dans cette mêlée où s’interpénètrent révolutions sociales et nationales ou simples rébellions contre tout pouvoir.
Si les partisans de Petlioura se battent pour la création d’un Etat-nation ukrainien, et ceux du régime tsariste pour «la Russie une et indivisible», ceux du communisme et de l’anarchie, dans le sillage de la révolution des soviets, sont axés sur les questions sociales. Ils sont plutôt internationalistes. Les minorités, notamment la minorité juive, craignent le déchaînement des nationalismes. De manière plus complexe, les questions sociales et nationales sont entrelacées, mais différemment d’une région et d’une couche sociale à l’autre.
L’influence de la révolution soviétique, des traditions communautaires et des idées anarchistes est évidente à l’Est et au Sud, où l’on vit de longue date dans le «monde russe» et la sphère religieuse orthodoxe, et où l’on a vu se développer l’industrie et le prolétariat ouvrier et s’implanter la communauté villageoise traditionnelle (le Mir). Cette influence russe et nouvellement soviétique est très faible à l’Ouest, exclusivement rural, où l’on vit de longue date dans les sphères germanique, austro-hongroise et polonaise, gréco-catholique (uniate) spécialement en Galicie, bastion du nationalisme «ethnique». Le tableau socio-économique serait incomplet si l’on ne signalait, à l’Ouest, l’importance de la grande propriété terrienne polonaise et, en diverses régions, l’implantation de colonies allemandes.
La «nationalisation» rétrospective des événements, aujourd’hui, occulte cette Histoire complexe, révolutionnaire, pour ne retenir que les acteurs nationalistes, les armées et les Eglises «résistants au bolchevisme». L’Histoire est réécrite comme si l’Ukraine indépendantiste avait été aux prises avec «les Russes» et non déchirée entre divers acteurs sociaux et nationaux. Le nouvel Etat-nation ukrainien en formation depuis 1991 se cherche une idéologie nationale en rupture avec les traditions soviétiques – cela n’a rien de surprenant ni d’exceptionnel. La Kommuna n’y a forcément pas sa place, ni la république soviétique d’Ukraine, ni le mouvement makhnoviste, expulsés de la «mémoire collective».

La Kommuna n’est pas...

La Kommuna est parfois qualifiée de «famille» en raison des liens affectifs qui soudent ses membres. On y parle même du «désir» d’être ensemble. Mais elle n’est pas de ces «grandes familles» encore nombreuses à l’époque et qui sont à la base des communautés traditionnelles. Les communards disent: «On n’a jamais vu de belle-mère se soumettre à sa bru ou la considérer en égale; et il n’existe pas de famille où le fils cadet a les mêmes droits que le père». Chacun sait ce que «famille» dissimule comme rapports sociaux: «le viol des belles filles, les cadets transformés en salariés de leurs parents». La révolution soviétique a déclaré la guerre à cette famille-là.
On l’a bien compris, la Kommuna, qui porte les noms de «Commune de Paris», «Rosa Luxemburg», «Lénine» ou «Trotski», mais aussi «Taras Chevchenko, le poète ukrainien, ou «L’Evangélique», ne doit pas être confondue avec d’autres organisations collectives:

  • le Mir ou Obchtchina, la commune ou communauté villageoise patriarcale traditionnelle qui exerce la plus grande influence dans les villages.
  • Les nouvelles exploitations collectives soviétiques d’Etat (sovkhozes) ou coopératives, qui restent très marginales.
  • La mouvance «anarchiste» de Nestor Makhno dans le sud-est ukrainien.
  • Les communautés religieuses, sectaires, en marge des grands conflits.
    Faut-il d’ailleurs confondre «communards» et «communistes»? Pas vraiment: tous ne sont pas membres du Parti bolchevik. Mais, à en lire Aunoble, il y aurait eu une relation quasi fusionnelle, et d’ailleurs «confusionnelle» (sémantique) entre communards et communistes. «Malgré la guerre civile (qui fait rage et qui divise la paysannerie), les communards se considèrent comme les maîtres du nouveau monde qui s’ébauche et ils ne se distinguent guère des communistes qui dirigent l’Etat. Le rapport entre ‘masse’ et ‘militant’ est brouillé: on constate partout l’indétermination des instances décisionnelles.» Aunoble conteste l’idée que les Bolcheviks auraient usé de contrainte pour imposer les communes aux paysans. Ce qui paraît contredire la représentation habituelle d’une première «collectivisation forcée» sous Lénine et Trotski, préfigurant celle de Staline après 1927. Ici, Aunoble diverge de la plupart des historiens et polémistes qui ont, récemment, dressé le réquisitoire de la violence bolchevique et de la Terreur rouge de l’époque de la guerre civile. Ce n’est pas seulement qu’il faille opposer à ce réquisitoire une dénonciation des «autres terreurs». C’est qu’en plus des terreurs et de la guerre, il y eut une révolution et une vie sociales, un foisonnement de petits îlots de créativité.

Bolcheviks, Makhnovistes, Paysannerie…

Les Bolcheviks4 au pouvoir depuis Octobre 1917 ont, de fait, tâtonné en politique agraire, après avoir renoncé à la collectivisation intégrale.
Premier temps, Octobre: le partage des terres, «nationalisées» mais laissées en jouissance aux paysans. Une idée reprise du programme des socialistes révolutionnaires (SR) qu’eux-mêmes hésitent à appliquer. Un partage qui en finit avec la grande propriété foncière, mais pas avec la petite, et qui renforce le Mir et les petits producteurs, tout en transférant aux sovkhozes de vastes domaines de l’Etat (tsariste) et de l’Eglise.
Deuxième temps, 1918-1919: repartage et encouragement aux paysans pauvres, aux prolétaires ruraux, soutien des Communes, tandis qu’une économie distributive (prétendant abolir l’argent) procède par réquisitions forcées et rationnement (c’est le communisme de guerre).
Troisième temps, après 1920: compromis avec la paysannerie moyenne, au détriment du collectivisme et des communes, retour au Marché.
Ne parlons pas des temps ultérieurs, stalinien et post-staliniens, dont les paradigmes sont très éloignés du bolchevisme originel.
Pour Aunoble donc, le bolchevisme de 1919 est très «pro-communard».
Les Makhnovistes (selon Aunoble, qui bouscule une autre idée reçue) étaient, face aux communes, «plus modérés» que les Bolcheviks. A entendre l’auteur, les écrivains sympathisants de Makhno (comme Voline) lui ont attribué le mérite des «communes» après coup, tout en dénonçant à tort les communes bolcheviques comme «artificielles». De quoi nourrir la controverse! Mais l’Histoire de la «makhnovchtchina» a-t-elle jamais été écrite? Les archives sont désormais accessibles. On pourrait peut-être s’affranchir des vieilles querelles idéologiques et passer… aux études.
La paysannerie – entendons ici, non pas les prolétaires ni d’ailleurs les «riches» koulaks5 mais la masse des paysans «moyens» (ceux qui ont un peu de bien) – est globalement hostile à la Kommuna qui alimente tous les fantasmes: on y partage les femmes et les enfants, «Dieu» en est exclu. La Kommuna menace effectivement la tradition patriarcale! L’hostilité croissante des paysans envers les «Rouges» (qui n’est surpassée que par leur crainte du retour, avec les «Blancs», des grands propriétaires) se focalise sur la Kommuna, autant qu’elle se cabre contre les réquisitions de blé et les mobilisations dans l’Armée Rouge. Dans la région étudiée, l’offensive de l’Armée Blanche d’Anton Denikine, l’été 1919, balaie les communes et les communistes. La terreur blanche est impitoyable. Les «contre-révolutions» locales font le reste. L’auteur entend par là des mouvements paysans. Il ne voue apparemment pas une admiration sans réserve aux «jacqueries». C’est le temps des grands pogromes antijuifs, mais plutôt à l’ouest de l’Ukraine, qui auraient fait, selon les sources, entre 50.000 et 200.000 victimes, imputables principalement aux armées de Pétlioura et Dénikine.6

L’Utopie envers et malgré tout

Le «retour des Rouges» à l’automne 1919 ne suffira pas à relancer le mouvement des communards, qui connaîtra des suites, mais marginales. D’ailleurs, les «Rouges», en même temps qu’ils gagnent la guerre, font politiquement retraite. Ils doivent, face au peuple rural, se défaire d’une image trop «collectiviste» et… «juive». En 1920-21, les Bolcheviks passent au compromis avec la paysannerie: retour aux libertés marchandes, mise en veilleuse du collectivisme, marginalisation des communes, encouragement à la libre coopération paysanne telle que la préconisent désormais Lénine et, plus systématiquement, l’agronome et écrivain Alexandre Tchaïanov7. Théoricien d’une voie coopérative au socialisme, Tchaïanov, pas communiste mais loyal au régime soviétique, est certes plus proche de la tradition communautaire que des «communards». Les coopératives façon Tchaïanov apparaissaient comme une voie de la modernisation des campagnes, développant le sens collectif au-delà de l’horizon villageois (du Mir), adoptant de nouvelles techniques et de nouveaux modes d’organisation, mais dans le respect de l’exploitation familiale et de la propriété privée.
Qu’ils soient Bolcheviks ou réformistes, adeptes de Trotski, Boukharine ou Staline, les «discutants» du pouvoir soviétique s’inscrivent dans un questionnement d’ordre économiste et géopolitique: comment sortir la Russie de son arriération, comment briser son isolement, comment faire face à un monde hostile et bâtir une puissance industrielle et militaire capable de faire face à une guerre que beaucoup tiennent pour inévitable.
Le mouvement des communes, et le communisme «gauchisant» des années vingt, vivaient dans un tout autre univers mental: il fallait abolir la propriété et les classes, refondre totalement les rapports humains, dans l’esprit du messianisme paysan d’un Serge Essénine ou dans celui, avant-gardiste, d’un Vladimir Maïakovski, les poètes suicidés, l’un en 1926, l’autre en 1930. Avaient-ils, ces rêves communards, la moindre chance de «gagner les masses», de répondre aux urgences d’un pays en pleine reconstruction, d’un pouvoir soviétique cerné d’un «cordon sanitaire»? Avaient-ils quelque place dans cette société en mutations violentes – formation d’un nouveau prolétariat industriel, immensité paysanne décomposée par la guerre et la révolution, nouvelles élites «issues des masses» et stimulées par des appétits de pouvoir et de reconnaissance aussi inédits que pressants et contradictoires? N’y avait-il pas un affolant décalage entre le temps réel de l’Histoire sociale et le temps idéel de l’Utopie?

La queue des comètes

Et cependant, les années vingt en URSS s’avèrent encore très riches en inventions «de vie nouvelle» dans les expériences sociales, dans l’art, le cinéma et le théâtre, la culture prolétarienne, l’autogestion pédagogique. Les traces de cette effervescence sont un peu perdues, avec la relecture «totalitariste» de l’Histoire qui prévaut aujourd’hui, expulsant la réalité d’une autonomie de la société, de «carrefours» et d’indéterminations où différents choix politiques et culturels restaient ouverts. Le pouvoir étant lui-même en interaction avec ce chaos social, et loin de le maîtriser!
Adieu la Kommuna? Eric Aunoble évoque, non sans émoi, la traînée de rêves qui en subsistera chez les «rescapés» et dans la littérature. Il admet que ce communisme radical ne pouvait fonder «un consensus minimum pour avancer vers une société nouvelle». Y avait-il d’autre choix que de reculer? Au «spontanéisme débridé» qu’encouragent les Bolcheviks en 1919 se substitue le «monopole de pouvoir». De la défaite au déni des communes, le terrain est déblayé pour le «grand tournant» stalinien, à la fin des années vingt. Une autre «collectivisation» s’imposera, d’une main de fer, et sans pitié pour les réfractaires.
Il subsistera pourtant, en marge, des communes paysannes, ouvrières, étudiantes, artistiques, pédagogiques inspirées des idéaux révolutionnaires tout en étant progressivement refoulées ou «domptées» par le régime bureaucratique. On reparlera d’autogestion dans les années 60, et lors de la Perestroïka des années 80 avant le grand tournant libéral de 1989.
«L’Utopie malgré tout» ne s’effacera définitivement qu’après «la chute du communisme» en 1991. Aunoble remarque: «L’image de la commune ne disparut jamais totalement de la culture soviétique».
L’auteur nous rappelle aussi l’Espagne 1936-38, le Portugal 1974-75… Les rêves d’égalité et de démocratie directe renaissent à chaque tournant. On pourrait y ajouter Budapest 1956, Prague 1968-1969. On pourrait y ajouter certaines des communautés et coopératives qui ont essaimé plus récemment en France, en Espagne, au Brésil, en Argentine, au Venezuela. Sans oublier l’expérience de Longo maï.
Sous toutes les latitudes, dès que les oligarchies sont ébranlées, ou que la «grand route» paraît dans l’impasse, des gens relèvent la tête, tentent de s’affranchir des servitudes volontaires, retrouvent des accents de dignité, redécouvrent les chemins vagabonds, les vertus de la solidarité, de l’égalité et du «faire ensemble».
Ces avancées de l’auto-émancipation sont aussi récidivistes que leurs successives retraites.
Alors: «reflets du brasier» d’antan, ou désir immanent de l’humain en état d’espérance et de rébellion? La «Commune», romantisme éphémère ou graine à féconder les temps futurs? L’ouvrage d’Eric Aunoble permet, au moins, d’en exhumer, d’en méditer une page d’Histoire, pépite arrachée à cette mine inépuisable que demeure la révolution russe.

  1. Cf. en russe «Le Livre des pogromes 1918-1922». Moscou, Rosspen 2007.
  2. La fameuse NEP, ou Nouvelle Politique Economique, ce deuxième régime soviétique associant dictature du parti et économie mixte (1921-1927).