TENERIFE: Liberté pour les quatre premiers de Las Raíces

de Johannes Dahmke, FCE, 10 févr. 2022, publié à Archipel 311

Le tribunal de Santa Cruz de Tenerife a condamné à un an de prison avec sursis quatre migrants accusés d’avoir provoqué une émeute dans le camp de Las Raíces à La Laguna. Ils ont été libérés le jour même de leur condamnation – un succès!

Rappelons qu’en février 2020, les premiers camps de réfugié·es géants ouvrent leurs portes à Tenerife et que des milliers de personnes en quête de protection se retrouvent soudainement dans un espace très restreint, dans des hébergements de masse provisoires. Plusieurs fois par jour, ces personnes doivent faire la queue pendant des heures pour obtenir de la nourriture et une douche. Menacées en permanence d’expulsion et plongées dans l’incertitude, l’ambiance parmi elles est devenue explosive et des bagarres ont éclaté dans les camps de Las Raíces et Las Canteras.

Le parquet avait requis une peine de onze ans de prison pour les jeunes en détention provisoire depuis avril 2021. Le tribunal a critiqué la «version non crédible» des employés de l’ONG qui dirigeaient le camp et qui ont témoigné au procès. Ainsi, au moins en partie, l’accusation a été présentée comme une mascarade et a été démasquée. La condamnation à un an de prison a également été interprétée par les médias espagnols comme une volonté de sauver la face devant le ministère public. Le tribunal s’est-il posé des questions plus précises parce qu’il y avait une attention internationale? Non, le procès n’a pas fait l’objet d’une observation internationale – il y aura encore beaucoup à faire! Toutefois, grâce notamment au soutien du FCE, il a été possible d’assurer une assistance juridique extraordinairement compétente et engagée. Un grand merci et un grand bravo à l’avocate Loueila Mint El Mamy!

Mais plusieurs dizaines d‘autres réfugié·es sont encore en prison, rien qu‘à Tenerife. Pour un prétendu trafic d‘êtres humains, souvent justifié par le fait qu‘ils ont pris des responsabilités en traversant l‘Atlantique. Et non parce qu‘ils auraient reçu de l‘argent pour cela. Une inversion classique de la culpabilité, comme dans le cas d‘un père dont le fils s‘est noyé dans la Méditerranée en fuyant Samos. Le père devra répondre de la mort de son petit garçon devant la justice. Quelle honte pour l‘Europe!

Si la communauté internationale n’attire pas l’attention sur ces abus et si la politique européenne n’est pas réorientée, ces personnes risquent de disparaître derrière les barreaux pendant des décennies. Le contraire de la liberté dans une Europe libre.

Johannes Dahmke, FCE - France