Vintimille : les migrant débordent le dispositif frontalier. Communiqué de solidarité du congrès du Forum civique européen

de Signataires : les collectifs, associations et individus réunis à l'occasion du congrès du FCE, 10 août 2016

Nous étions réunis à plus de 400 personnes de différents
collectifs, mouvements et associations des 4 coins du monde, cette
semaine à Longo maï, près de Forcalquier, pour le Congrès du Forum Civique
Européen (FCE). Nous tenons à réagir fortement après les évènements des

ces derniers jours sur la frontière franco-italienne.

Depuis des mois, les mesures de répression des migrants  se  

renforcent, notamment à Vintimille. Le passage de la frontière
franco-italienne est de plus en plus dur et la solidarité avec les
réfugiés toujours plus criminalisée. La tension est encore montée d'un
cran. Dans la nuit du 4 août 2016, environs 300 migrants ont décidé de
quitter le centre de la croix rouge italienne et de se diriger vers la
frontière. Ils voulaient exiger collectivement son ouverture et la
libération d'un de leur compagnon placé en centre de rétention
administrative dans le sud de l'Italie.

Alors que la police italienne les évacuait violemment, plus de  

200 personnes ont réussi à leur échapper. Ils sont parvenus à passer la
frontière à la nage ou à pied, sous les charges et les tirs de gaz
lacrymogènes de la police italienne d'un côté et française de l'autre.
Après une chasse à l'homme dans plusieurs villes avoisinantes, plus de
144 migrants ont été arrêtés et maintenus en détention dans les
containers de la Police aux Frontières (PAF) de Menton Garavan ou
ramenés de force en Italie..

La police française a empêché les journalistes de France 3 et de  

certains organes de presse de prendre des photos. Elle a détruit une
partie de leur matériel pour tenter de cacher le fait qu'elle avait
alors perdu le contrôle de la frontière. Au cours de ces évènements, 17
personnes parmis celles venues en soutien, notamment pour apporter de
l'eau aux migrants massés au soleil, ont aussi été arrêtées, à la fois
coté italien et français. Comme cela se pratique de plus en plus
couramment pour faire obstacle à la solidarité, 2 d'entre eux ont reçu
des restrictions administrative de territoire : interdiction de se
rendre dans les 16 communes de la province de Vintimille en tant
qu'italien, et interdiction de territoire italien pour 5 ans en tant
qu'étrangers. Depuis, les soutiens « no borders » sont accusés dans les
médias et par certains politiques d'avoir « encadré » et « fomenté la
révolte ».

Depuis le congrès du Forum Civique Européen et en tant que  

personnes, collectifs et associations actifs aux cotés des migrants,
nous voulons affirmer notre solidarité entière avec tout ceux qui sont
actuellement détenus et chassés de chaque coté de la frontière. Nous
voulons aussi participer à rétablir quelques vérités :

Contrairement à ce qu'impliquent certains réflexes de pensée  

nauséabonds, les migrants sont tout à fait à même de s'organiser de
manière autonome pour tenter de passer la frontière et pour énoncer
leurs revendications. Ils n'en ont tout simplement pas le choix après
avoir enduré les plus grands risques pour arriver jusqu'ici et échapper
aux guerres, à la pauvreté, et aux dégradations environnementales
entraînés par les politiques post-coloniales et marchandes. Cette
semaine, la police a été débordée à la frontière par une initiative
collective des migrants. Ce n'est pas la première fois à Vintimille, et
c'est une petite victoire face aux renforcement des politiques racistes
et sécuritaires que les migrants subissent de plein fouet.

La mise en avant et la criminalisation des « no borders », dans  

ce contexte, sert avant tout à invisibiliser l'initiative des migrants.
En réalité, depuis un an, la multiplication des arrestations et des
interdictions de territoires pour les soutiens rendent de plus en plus
difficile les manifestation de solidarité.

Nous appelons néanmoins à continuer à agir en accord avec les  

revendications des migrants :

  • contre les frontières et pour la liberté de circulation, pour la
    possibilté de vivre là où ils le souhaitent et de rejoindre leurs
    proches.

  • contre les contrôles, persécutions, détentions et l'exercice du
    racisme d'Etat

  • contre l'idéologie de la guerre, la militarisation et les politiques
    économiques qui les entraînent.