A l'initiative de l'association PaïsAlp (producteurs fermiers de Haute Provence) à laquelle participent des membres du Forum Civique Européen et de la Confédération paysanne, une centaine d'agriculteurs de seize pays européens, de l'Est et de l'Ouest, se sont réunis début février à Forcalquier (France).
Le but de cette rencontre, la première du genre, était de parvenir à une définition commune de l'agriculture sur l'ensemble du continent. Un grand bout du chemin a été parcouru. Les différences exprimées, loin d'être un obstacle, ont été enrichissantes pour l'ensemble, les points communs sont nombreux et permettront de faire bloc face aux pouvoirs agricoles, nationaux ou internationaux. Les producteurs fermiers européens réunis ces trois jours revendiquent, par exemple, des normes sanitaires différentes de celles de l'agriculture industrielle. En effet, il n'y a aucun rapport entre un atelier artisanal de transformation et une usine à bouffe. Les risques ne sont pas les mêmes, les quantités produites, la qualité des produits sont strictement incomparables. La "mise aux normes", très onéreuse, signifie ou signifierait, dans trop de régions d'Europe, la disparition pure et simple de nombreux petits paysans. Les producteurs fermiers, par contre, prennent un certain nombre d'engagements qui garantissent l'élaboration de produits sains et de qualité, dans le respect de l'environnement, des humains, des animaux...
transformer eux-mêmes leur production;
limiter la taille de leur exploitation, le nombre d'hectares, de têtes de bétail, la quantité de produits finis... en fonction évidemment de chaque type de production, en tenant compte aussi des grandes différences qui existent d'une région à l'autre, d'un pays à l'autre, pour permettre à d'autres de s'installer dans l'agriculture, afin de s'opposer à l'agrandissement permanent des exploitations qui se fait au détriment de l'environnement et des rapports sociaux;
favoriser des rapports sociaux dignes de ce nom, notamment avec les saisonniers, traités de plus en plus fréquemment comme des bêtes de somme par l'agro-industrie;
vendre une partie significative de leur production directement aux consommateurs, dans le but d'encourager les indispensables relations entre producteurs et consommateurs, et d'assurer au producteur, à la productrice, une juste rémunération de son travail en évitant le plus possible d'intermédiaires;
Faire savoir que ce mode de production, écologiquement et socialement durable – au cas où ce mot ne serait pas encore totalement galvaudé – est la seule alternative à une agro-industrie qui va d'une crise alimentaire à l'autre, tout en continuant de stériliser les sols, de polluer les nappes phréatiques, de détruire la petite paysannerie.
Les prochaines rencontres sont déjà en gestation, elles auront lieu en Hongrie, en Allemagne, en Suisse...
Archipel a commencé le mois dernier la publication d'une série d'articles sur l'état de l'agriculture dans différents pays: après l'Autriche, c'est au tour de la Slovénie.
Bertrand Burollet - FCE France