Le G8 regroupe les gouvernements des huit pays les plus riches et industrialisés du monde, il impose un ordre mondial au profit d’une minorité richissime et au détriment d’une immense majorité d’individu-e-s asservi-e-s et opprimé-e-s. Nous pensons qu’il doit exister entre les êtres humains des rapports autres que marchands, de domination, d’aliénation ou d’exploitation.
La pollution, les gâchis des ressources naturelles, les écarts de richesses sont de plus en plus catastrophiques. La globalisation se traduit par une dégradation des conditions de vie, de travail et par un contrôle social renforcé. Le patronat, avec le soutien des Etats, prend l’offensive: destruction des services publics, régression du droit du travail, précarisation, flexibilité, licenciements, destruction des acquis sociaux (sécurité sociale, retraites…).
Fin mai-début juin 2003 va se dérouler à Evian le sommet du G8. Depuis plusieurs années les mobilisations s’amplifient pour contrer les saigneurs de ce monde. Après les brutalités policières et l’assassinat de Carlo Giulani à Gênes en juillet 2001, les prédateurs ont décidé d’organiser leurs festivités dans des coins reculés. Cette année, donc, la France accueille le G8 dans la ville d’Evian, ville perdue dans les montagnes de la Haute-Savoie. Pour nous, lutter contre le G8, ce n’est pas demander un aménagement « humain» du capitalisme ou sa régulation/taxation par les Etats, mais bien promouvoir un autre type de société où les rapports humains ne seraient pas basés sur une logique de profit et de domination.
La guerre
Au nom de la lutte contre le terrorisme, on nous prépare à une nouvelle guerre des pays occidentaux contre l’Irak et à terme contre de nombreux autres pays, à majorité musulmane ou pas. Dans le même temps, un blanc-seing est donné à Poutine pour continuer d’écraser le peuple tchétchène. Quant aux Palestinien-ne-s, leur situation empire de jour en jour. La disparition du bloc soviétique devait amener la fin de la guerre froide et la paix mondiale. Or l’émergence de nouveaux blocs économiques (ALENA, zone euro, ZLEA, ASEAN) gérant la circulation des biens et des capitaux se solde par des tensions et des rivalités accrues. Les guerres, les oppositions entre certains Etats ne sont que l’expression de cette guerre d’empires, de ces bourgeoisies cherchant à dominer le monde (économiquement, militairement, culturellement).
La guerre ne peut se résumer à une question militaire. Elle se joue aussi sur le front économique et social. Le capitalisme, dans son développement actuel, détruit toutes les conquêtes sociales. La globalisation se traduit par la dégradation des conditions de vie et de travail tant au Nord qu’au Sud et la continuité des pillages des ressources du Sud.
La guerre intérieure contre les pauvres, on peut la mesurer avec l’ensemble des lois prises ces vingt dernières années tant dans le domaine de la sécurité, du contrôle social (loi sécurité quotidienne de la gauche plurielle ou loi de sécurité intérieure de Sarkozy) que dans celui de la précarisation (PARE, flexibilité, retraites).
Mobilité et liberté de circulation et d’installation
Le fait de voyager dans notre monde est réservé à celles et ceux qui en ont les moyens. Bien sûr, pour les gens du Sud, les forteresses du Nord (Europe ou USA) sont des barrières à franchir, quels qu’en soient les coûts humains: morts, racisme, discriminations, etc. Celles et ceux qui arrivent à franchir ces frontières vont devenir de la main-d'œuvre à prix modique et corvéable à merci pour le plus grand bénéfice du patronat et des mafias. Mais dans les pays du Nord, la mobilité est aussi réservée à celles et ceux qui peuvent payer. On peut le voir avec la répression vis-à-vis des personnes qui voyagent sans ticket.
Globalisation et régression de la situation des femmes dans le monde
Les logiques du processus de globalisation capitaliste reproduisent et renforcent la domination patriarcale de par le monde. Il est important de mesurer les effets de la globalisation sur la précarisation massive d’une grande partie de la population mondiale: les femmes en sont les plus touchées, ceci dans les pays pauvres mais également dans les pays riches. D’une part, dans les pays industrialisés, les femmes assurent la majorité de «l’intendance» nécessaire au bon fonctionnement et à la production du capital, autant par leur travail salarié que par le travail domestique qu’elles ont encore très largement à leur charge.
D’autre part, les rapports nord/sud et le dispositif mis en place par les institutions internationales (ONU, FMI, Banque mondiale, etc.) ont des répercussions plus que néfastes pour les femmes vivant dans les pays pauvres. En effet, sous couvert de «bonne gouvernance» et de programme de «développement», la prise en charge par ces institutions se révèle catastrophique pour la condition des femmes localement (contrôle autoritaire des naissances, surendettement dont le résultat est une intensification de l’exploitation, y compris par le «tourisme sexuel»). De plus, l’institutionnalisation des programmes politiques vis-à-vis des femmes (assurée principalement par l’ONU et les ONG) a pour conséquences la dépolitisation du mouvement féministe local et la perte de son autonomie conceptuelle et organisationnelle, ce qui, de fait, anéantit sa radicalité et sa potentialité transformatrice.
Pour des alternatives solidaires et émancipatrices
Ces sommets sont souvent les occasions de ratifier, d’accroître une dérégulation du marché, une marchandisation des services, une remise en cause d’acquis sociaux. Les sommets, comme celui d’Evian, permettent souvent d’entériner comme unique avenir possible le dogme de la croissance liée aux avancées technologiques et à la consommation, censée incarner le Progrès. Le modèle occidental n’est pourtant pas universalisable aussi bien d’un point de vue matériel qu’écologique. La lutte pour la «décroissance», ou une économie où la production serait liée à une utilité sociale, doit se faire à différents niveaux, individuel (changer de mode de consommation) et collectif (lutter contre les nouveaux projets pharaoniques et inutiles ici et ailleurs, qui n’ont pour but que de faire circuler plus de marchandises et de capitaux). Il s’agit de passer d’une société aux besoins infinis à une société dont les besoins seraient «justes» au double sens de justice sociale et d’adéquation au maintien de l’équilibre écologique planétaire.