Depuis plusieurs années, à vrai dire, depuis quasiment ses débuts, nous relayons la lutte de la zad de Notre-Dame-des-Landes dans Archipel. Aujourd’hui, celles et ceux qui sont resté·es sur place tentent de péréniser les terres sauvées du projet d’aéroport, pour éviter qu’elles ne passent d’un usage industriel à l’autre, celui de l’agriculture productiviste. Nous ne pouvons que les soutenir dans cette démarche et vous invitons à en faire autant, en participant financièrement à l’achat des terres. (Voir plaquette jointe)
L’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été arraché par une très longue lutte et un extraordinaire mouvement collectif.
Les objectifs
Cette victoire pleine de sens et d’avenir, il nous faut aujourd’hui la pérenniser. Le fonds de dotation «La terre en commun» a lancé une première campagne d’appels à dons en décembre dernier. Rappelons qu’il s’agit d’une structure juridique d’intérêt général dont l’objectif est de racheter progressivement les terres et bâtis de la zad de Notre-Dame-des-Landes, et de les mettre dans un pot commun inaliénable. Le fonds de dotation n’a pas de système de parts ou d’actions; les biens acquis sont ainsi placés en dehors de la spéculation ou de la recherche d’enrichissement personnel. Le but est de garantir dans la durée, par la propriété collective, l’usage commun des terres et bâtis de la zad, ainsi que la richesse écologique du bocage. Le fonds de dotation vise à préserver cette dernière, sur le long terme, des risques d’agriculture industrielle, de projets délétères, ou d’une «mise sous cloche». Face au modèle entrepreneurial, individualiste et libéral, responsable des crises écologiques et sociales actuelles, il permettra de continuer à déployer une vision créative, solidaire et ouverte du territoire. Pour les contributeurs et contributrices, c’est une manière de faire de l’avenir de la zad plus que le destin de ses propres habitant·es. Le fonds de dotation «La terre en commun» s’inscrit dans un réseau plus large, en France et en Europe, d’initiatives d’achats de bâtiments en zones rurales ou urbaines, ainsi que de terres et forêts, pour les soustraire au marché spéculatif et les dédier au collectif.
Une première tranche
Un premier lot de fermes, habitats et infrastructures collectives va bientôt être revendu par l’Etat. Le Conseil Départemental a obtenu récemment le rachat d’une bonne partie des terres cultivées par le mouvement et d’un certain nombre de bâtiments. Mais certaines parcelles et un lot conséquent de bâtiments n’ont pas fait l’objet de demandes de rétrocession. Il s’agit d’un ensemble d’habitats anciens ou autoconstruits, fermes et infrastructures collectives (l’auberge du Liminbout, la maison Herbin, le Liminbout squat, la nouvelle ferme des 100 noms, Saint-Jean-du-Tertre Ferme, Saint-Jean-du-Tertre cabane, le Moulin de Rohanne et l’Ambazada) ainsi que quatre autres terrains constructibles. Cette vente devrait avoir lieu a priori d’ici début 2020 par l’Etat. Il y a donc urgence à ce que le fonds de dotation puisse être en capacité d’acquérir ces premiers terrains et bâtis: notre objectif est par conséquent d’avoir levé 1,5 million d’euros d’ici la fin de l’année 2019. Une lutte pour l’accès à la terre continue de se jouer pour que le foncier aille en priorité, non pas à l’agrandissement de fermes conventionnelles alentour, mais à des projets agricoles issus du mouvement. L’avenir de certains d’entre eux n’est pas encore assuré et il va nous falloir continuer à batailler pour que les terres libérées, entre autres, par des départs en retraite dans les années à venir, soient dédiées à de nouvelles installations et à une agriculture qui ne dégrade pas le bocage. La signature d’une première série de baux ruraux environnementaux de 9 ans avec le Conseil Départemental sur environ 300ha devrait cependant permettre de sécuriser partiellement les projets existants. Il rendra les usager·es de ces terres prioritaires à l’achat en cas de cession à moyen terme par le Conseil Départemental. Ces usager·es pourront alors remettre ces terres dans le pot commun. A propos de la forêt de Rohanne, des échanges sont en cours entre Abrakadabois (voir encadré), le Conseil Départemental et l’Office National des Forêts pour que l’entretien de la forêt reste pris en charge par ses usager·es direct·es, par le biais du collectif Abrakadabois. Le Conseil Départemental affirme cependant pour l’instant vouloir garder la propriété de Rohanne. Il pourrait toutefois revendre d’autres parcelles boisées. Hormis le premier lot qui devrait être mis sur le marché par l’Etat d’ici 2020, le reste des bâtiments anciens occupés, ainsi que des terrains sur lesquels se situent des lieux de vie autoconstruits, sont dorénavant propriété du Conseil Départemental. Si celui-ci a annoncé son souhait de garder les terres, dans un premier temps au moins, sa position est moins claire en ce qui concerne les différents bâtis. Il est possible qu’il signe des baux aux habitant·es actuel·les et assume un certain nombre de travaux, ou qu’il les revende et laisse ces travaux à la charge des usager·es. Précisons en outre que si l’équipe actuelle du Département décide de rester propriétaire de terres, bois et bâtis, il est tout à fait possible que leurs successeurs décident de les remettre sur le marché. En cas de vente à court, moyen ou long terme, nous voulons nous donner les moyens que le fonds de dotation soit en situation de se porter acquéreur. Passer le cap de 1,5 million d’ici la fin de l’année Une première vague de communication a permis en quelques mois de lever 400.000 euros grâce à plus 1000 contributeurs et contributrices. Nous sommes optimistes quant à la dynamique amorcée, mais il va nous falloir, d’après nos estimations, lever une à deux fois plus pour pouvoir viser sereinement l’acquisition du premier lot de bâtiments revendus par l’Etat. Nous en appelons donc aux dizaines de milliers de personnes qui sont passées par le bocage et qui se soucient de l’avenir de ce bien commun des luttes, pour nous aider à remplir cet objectif. Il est possible de faire connaître le fonds de dotation autour de vous, et de contribuer maintenant par un don, même modeste. Ensemble nous pouvons relever ce défi! Des habitant·es de la zad
Abrakadabois
Le collectif Abrakadabois existe depuis 2014. Issu du mouvement anti-aéroport, il réunit des habitantes et habitants de la zad passionné·es des arbres, avec leurs diverses expériences et compétences (bûcheron·ne, ingénieur forestier, observateur et observatrice du vivant, grimpeur élagueur, paysan·ne, technicien·ne forestier·e et sylviculteur, cueilleuse, naturaliste, etc.), chevron-né·es ou débutant·es. Son champ d’action s’étend «de la graine à la charpente», sur la zad de Notre-dame-des-Landes dans la forêt de Rohanne (42 ha), dans les dizaines de parcelles boisées, et les 280 km linéaires de haies. Illes se retrouvent tout au long de l’année pour des sessions de formation théorique, des balades sur le terrain, des formations pratiques, et des chantiers collectifs. Illes organisent également des événements plus larges qui permettent des partages d’expérience, de connaissances et de pratiques.
Pour contribuer et obtenir plus d’informations: <encommun.eco> Vous pouvez faire un virement en Suisse, sur le compte du Forum Civique Européen, en indiquant «Terres en commun» en motif: BKB-EURO-KONTO IBAN: CH56 0077 0016 5490 9272 8 BIC: BKBBCHBBXXX