DOSSIER GRIPPE AVIAIRE - Les leçons de la maladie de Newcastle

von Grain, 07.05.2010, Veröffentlicht in Archipel 137

Curieusement, dans toutes les discussions sur la grippe aviaire il est très peu fait référence aux expériences analogues avec d’autres maladies.

La maladie de Newcastle (peste aviaire) est déjà devenue endémique dans la plupart des zones d’aviculture et la vaccination contre la maladie est devenue désormais une activité de routine pour les aviculteurs du monde.

Tout comme la grippe aviaire, Newcastle existe sous des formes pathogènes bénignes et virulentes. Dans sa forme endémique, la maladie de Newcastle n’est pas vraiment un souci; elle ne tue généralement que quelques poussins dans un groupe infecté et n’entraîne qu’occasionnellement la mort à grande échelle, lorsque les oiseaux sont prédisposés à la maladie.

Le virus devient un problème majeur lorsqu’il entre dans les élevages industriels. Selon les chercheurs Alders et Spradbrow, «dans les grandes unités commerciales avicoles, le virus s’introduit dans les élevages par une faille dans la sécurité alimentaire [par la nourriture, les personnes, les œufs, les véhicules], par l’introduction d’oiseaux infectés dans les fermes multi-âges, ou par voie aérienne provenant d’une propriété voisine. Une fois que quelques oiseaux sont infectés, la propagation aux autres volatiles se fera principalement par voie aérienne. De grands élevages produiront de grandes quantités de virus aériens, qui peuvent se répandre vers les autres élevages avec les mouvements de l’air.»

C’est dans ce contexte que la maladie peut muter dans une forme hautement pathogène et décimer des élevages entiers. En 1998, la maladie s’est déclenchée en Australie, tuant 10.000 poulets et a mené à l’abattage de 100.000 autres. Ce cas de contamination a pris les autorités au dépourvu, tant les stricts contrôles sanitaires avaient apparemment tenu le pays à l’abri des souches hautement pathogènes depuis 60 ans.

«Nous avions pensé qu’elle avait été introduite de l’étranger», a déclaré Jeff Fairbrother, le Directeur exécutif de la Fédération australienne de la viande de volaille. Cependant, les recherches ultérieures menées par des virologistes ont montré que la souche endémique s’était introduite dans l’élevage industriel et avait muté sous une forme virulente.

Les autorités australiennes n’ont pas répondu en s’attaquant aux volailles ou aux oiseaux sauvages potentiellement porteurs de la maladie et elles ne se sont pas contentées des déclarations des industriels portant sur la «biosécurité» de leurs exploitations. Elles ont rendu la vaccination obligatoire pour les fermes possédant 500 volailles et plus. Qu’en est-il des volailles de basse-cour? Selon les brochures d’information du gouvernement sur les foyers d’épidémie: «Une forme très bénigne de virus de la peste aviaire est présente dans tous les Etats. Ce qui signifie que la souche ne peut muter en une forme virulente; elle ne constitue donc aucune menace pour les oiseaux. Les foyers de maladie existant sur le continent entre 1998 et 2002 ont été provoqués par la mutation d’une souche endémique bénigne (connue sous le nom de virus V4) en une souche virulente du virus. Toutes les preuves disponibles montrent que, pour qu’une telle mutation se fasse, il faut un grand nombre d’oiseaux dans une petite zone pour générer le processus de mutation du virus. En termes simples, un petit nombre d’oiseaux ne peut pas générer assez de virus pour déclencher le processus de mutation.»

Grain