DOSSIER SOC: La répression contre le SOC

09.05.2010, Veröffentlicht in Archipel 158

Depuis sa création, dans les années soixante, le Syndicat de Journaliers Agricoles a souffert de la répression aussi bien de la part des différents gouvernements de droite, du centre ou de gauche que de celle du patronat agricole, sans doute le secteur le plus réactionnaire du pays.

Aux détentions, passages à tabac ou emprisonnement typiques de la période dite «de la transition» , a succédé une répression plus subtile qui tentait de neutraliser le rôle de défense des droits des travailleurs et des immigrés du SOC. Les obstacles à l’exercice de l’action syndicale, les procès et les amendes deviennent une constante. Cependant, c’est à partir de 2001 qu’il devient évident que les pouvoirs politique et économique ont choisi une nouvelle forme de répression: essayer d’étouffer économiquement notre mouvement. Plus de 500 militants sont en procès, et nous devons faire face à des amendes à hauteur de 100.000 euros. Comme nous le disions déjà à l’époque, «ce n’est pas le fait de mener des luttes radicales ou violentes qui provoque cette attitude envers notre syndicat, tout le monde sait que notre pratique syndicale est basée sur la non-violence active. Nous sommes persuadés que toute cette répression n’est qu’une tentative d’en finir avec un collectif enraciné dans le milieu rural andalou, où la lutte principale consiste à dénoncer la propriété de la terre, et le traitement inhumain envers les immigrés, aussi bien de la part de l’administration que de celle des entrepreneurs. En Andalousie, 2% des propriétaires terriens possèdent 50% des terres. Il y a des propriétaires qui reçoivent des subventions scandaleuses de l’Europe» .

Parmi ces propriétaires, nous avons dénoncé la Duchesse d’Albe, une propriétaire qui a touché 1.885.000 euros de subventions tandis que des petits paysans sont ruinés, et que 500.000 saisonniers doivent faire appel à la charité publique pour éviter la misère ou l’exil vers les villes. Cela n’a pas empêché, le 28 février 2006, le gouvernement régional de lui décerner la médaille de «citoyenne d’honneur» . Les protestations contre cette décision avaient été réprimées par la police avec une violence démesurée que la société andalouse avait pu suivre à travers les médias. Les mêmes médias qui avaient relayé les déclarations de la Duchesse qui qualifiait l’action de protestation de «concentration de délinquants, de racaille et de quatre fous» . Une partie de notre syndicat s'est ainsi retrouvé devant la justice qui condamne la Duchesse pour «injures péjoratives» . Elle a fait appel, mais le juge a estimé qu’il était bien dans son intention d’insulter quand elle a fait ces déclarations. C'est suite à cette décision de justice que la duchesse a porté plainte contre le Secrétaire Général du SOC, Diego Cañamero, pour fausses déclarations: il aurait affirmé que la Duchesse embauchait des journaliers immigrants et sans papiers. En fait, ces déclarations avaient été faites au moment où des journaliers quittaient leur lieu de travail, en présence de journalistes de Telecinco (une chaîne de télévision). Quand les journalistes demandèrent à Diego pourquoi ces personnes arrêtaient le travail, il avait répondu qu’il pourrait s’agir de travailleurs illégaux, ce qui expliquerait qu'ils fuient devant des journalistes. La latifundiste exige une indemnisation de 10.000 euros. La fille chérie de l’Andalousie pour le gouvernement socialiste, le modèle à suivre pour son président, réclame cette indemnisation non pas au moment où les déclarations ont été faites mais après avoir perdu en appel. Ce fait montre, à notre avis, qu’il ne s’agit que d’un acte de vengeance de la part de la représentante de la classe des gros propriétaires terriens et contre notre syndicat. Une nouvelle répression pour essayer de nous faire taire et pour que nous cessions d’être un instrument de défense de tous les travailleurs andalous.