ETATS - UNIS:Le rêve américain: ignorance, arrogance, apathie (Première partie)

04.06.2005, Veröffentlicht in Archipel 127

Oui, nous sommes endormis, rêvant que la technologie nous sauvera, que le système est attentif à nos intérêts, et que nous sommes innocents. Cet article1 , le premier d’une série, se situe à un moment crucial de notre histoire. Le régime Bush est toujours au pouvoir, les grands trusts sont de plus en plus puissants. Le complexe militaro-industriel mondialisé étend son influence par le biais de la «guerre contre la terreur», de la dépendance à l’automobile et au pétrole, et en contrôlant les gouvernements locaux, régionaux et nationaux.

Pourquoi mettre l’accent sur les Etats-Unis, alors qu’il s’agit de toute évidence d’un phénomène mondial? Tout simplement parce que les USA sont en tête de la course pour la domination mondiale militaire et économique. Parmi les 500 plus grosses multinationales, 189 sont états-uniennes. Walmart, Exxon mobil, General Motors, Ford Motors et General Electrics sont toutes des firmes américaines et arrivent respectivement au 1er, 3ème, 5ème, 6ème et 9ème rang au hit-parade des multinationales.

Les Etats-Unis sont également largement en tête pour ce qui est des dépenses militaires, avec un budget équivalent à la somme de ceux des vingt pays suivants dans le peloton de tête: 56,7% des armes vendues dans le monde sont manufacturées par les Etats-Unis. Tandis que les USA vendent pour 14,5 milliards de dollars, la Russie, deuxième marchand d’armes mondial, doit se contenter de 4,3 milliards (soit 16,8%) et l’Allemagne arrive loin derrière avec 1,4 milliards (5,5%). Plus de la moitié de ces ventes (53,6%) vont aux pays en voie de développement et 45,4% des contrats sont signés par des Américains.

Je suis citoyen des Etats-Unis et suis issu de la petite bourgeoisie d’une ville typiquement américaine; j’ai donc moi-même été exposé à toutes les tactiques que je vais exposer au fil de cet article et des suivants. En comprenant ce qui arrive aux Etats-Unis, nous pouvons repérer les tactiques similaires imposées et adoptées par les gouvernements et multinationales partout dans le monde. (…)

Dans cet article, je vais inventorier les dix facteurs qui, selon moi, contribuent à la folie des Etats-Unis, de leurs citoyens et de leur gouvernement. Il est bien sûr impossible de classer ces facteurs par ordre d’importance, le facteur numéro un n’étant donc pas nécessairement le plus pernicieux.

La propagande

Les Américains sont actuellement exposés à la machine propagandiste la plus coûteuse de l’histoire du monde. En 2002, sur les 450 milliards de dollars dépensés dans le monde pour la publicité, 300 l’ont été aux Etats-Unis. Ceci ne comprend pas les «infos» diffusées par des médias appartenant à des trusts, la propagande émanant directement de la Maison-Blanche et celle des administrations qui opèrent au niveau local, national et fédéral. La nouvelle «Homeland Security» 2 emploie 780.000 personnes, soit un Américain sur 300. Et ce chiffre ne comprend pas la plupart des policiers, pompiers et autres fonctionnaires du système. Partout où on pose les yeux, on est confronté à une forme de propagande et, comme vous pouvez le constater, ça marche.

«Bien sûr que les gens ne veulent pas la guerre. Pourquoi un pauvre paysan voudrait-il risquer sa vie dans une guerre quand ce qu’il peut en espérer de mieux est de rentrer chez lui en un seul morceau? Naturellement que les gens du peuple ne veulent pas la guerre: pas plus en Russie qu’en Angleterre ou même en Allemagne. On est bien d’accord. Il n’en reste pas moins que ce sont aux leaders d’un pays de déterminer la politique à suivre, et il est toujours facile de faire suivre le peuple, que ce soit dans une démocratie, dans une dictature fasciste ou communiste. Qu’ils aient voix au chapitre ou pas, les gens peuvent toujours être amenés à faire ce que veulent leurs leaders. C’est facile. Il suffit de leur dire qu’ils sont attaqués et de dénoncer les pacifistes pour leur manque de patriotisme, les accuser de mettre la patrie en danger. Cela fonctionne de la même manière dans n’importe quel pays.» (Hermann Goering, Procès de Nuremberg)

La sédation

Un Américain sur six (bientôt un sur cinq) est sous antidépresseurs, à peu près autant sont sous traitement pour «déficience d’attention», avec pour résultat une population sous sédation. Ces deux types de médicaments écrêtent les émotions humaines, supprimant les hauts et les bas. En d’autres termes, ils engourdissent l’expérience émotionnelle. Au Capitole 3, la présence du lobby pharmaceutique est plus importante numériquement que celle des pétroliers.

Le discours officiel, en matière de santé mentale, est que c’est en tant qu’individus que les Américains ont un problème, que ce n’est pas un problème de société. C’est ainsi que, confiants en leurs «experts», les Américains se rabattent sur les médicaments. Nous sommes confrontés à un phénomène de sédation de la population américaine, mis en œuvre par des trusts dans un but de profit. Le fait qu’un tiers de la population consomme des médicaments qui altèrent les émotions est tout bonnement épouvantable.

L’affaiblissement de la santé et de l’intelligence

Un Américain sur trois souffre de surcharge pondérale et un sur cinq de surcharge pondérale chronique, avec un impact direct sur sa santé et son bien-être. Aux Etats-Unis, 300.000 décès par an sont attribués à l’obésité, principalement entraînés par des problèmes d’ordre cardiaque. L’obésité arrive en tête des maladies qui affectent les jeunes Américains. Si on combine cela avec le fait que, dans un foyer moyen, la télévision est allumée huit heures par jour; que les enfants passent en moyenne 36 heures par semaine devant un écran, de télévision ou d’ordinateur, que plus de la moitié du temps qui n’est pas consacré au travail l’est à la télévision, on a pour résultat une réduction du niveau de la santé et de l’intelligence. La consommation d’une alimentation industrielle, plats cuisinés ou fast food , confirme cette tendance.

La peur

Aux Etats-Unis il y a un «bruit de fond» permanent: la peur. Un Américain sur six n’a pas d’assurance maladie (c’est mon cas), ce qui entraîne une peur constante de ne pas recevoir, le cas échéant, une aide médicale adéquate, ou de se ruiner à vie pour l’obtenir. La militarisation de la police accroît le sentiment de peur. Lors d’une manifestation contre les OGM à Sacramento (Californie), qui rassemblait environ 5.000 participants, principalement des paysans et des familles, la police – plus de 1.500 robocops armés jusqu’aux dents – était équipée de cinq tanks et de trois hélicoptères. A New York, lors des manifestations pendant la Convention Républicaine, la police a reçu un budget équivalent à celui de la 19ème plus grosse armée du monde. Des alertes jaunes, oranges ou rouges maintiennent la population dans un sentiment de peur permanent. Combiné avec la violence quotidienne dans nos villes et nos bourgades, avec les reportages aux infos, sur des chaînes appartenant à des trusts, couvrant toujours des événements effrayants, avec la peur permanente qu’ont les Américains de ne pas pouvoir payer leurs factures, de perdre leur boulot ou leur domicile et vous avez un climat de peur chronique qui atteint toutes les couches sociales, les libéraux 4 comme les conservateurs.

La violence

Alimentant la peur, représentant parfois un danger réel, mais pas toujours, le niveau de violence est élevé. Les Etats-Unis détiennent actuellement le record mondial de taux d’incarcération et sont dans le peloton de tête pour ce qui est des homicides, viols, voies de fait, vols et suicides. Le principal motif d’hospitalisation aux urgences, pour les femmes, est la violence domestique.

Ethan Hughes

Contact: 78590 Echo Hollow ln

Cottage Grove, Oregon 97424, USA

001 541 767 9604

Sources:

La plupart des chiffres, statistiques et faits cités dans cet article ont été recueillis dans le New York Times, le National Geographic (USA), The Independant (GB) et Le Monde

  1. Siège du Congrès, l’organe législatif fédéral des Etats-Unis

  2. Le terme libéral est utilisé dans cet article dans son sens littéral (gens à l’esprit large, sans préjugés) et pas dans le sens qu’il a pris en économie. Il pourrait correspondre à ce que nous appelons ici «la gauche caviar»

  3. Après avoir passé l’année dernière, avec sa compagne Sarah, à visiter différents collectifs en Europe à vélo, Ethan est en route pour rejoindre, en bateau, son projet de communauté rurale sans pétrole, anti-mondialisation, et d’action directe dans l’Oregon

  4. Unité pour la sécurité de la patrie, créée après le 11 septembre