HAUT-PARLEUR: Le Réseau No Border

von Réseau no border, 18.12.2004, Veröffentlicht in Archipel 121

Le réseau no border est un outil pour les collectifs et organisations qui luttent, aux côtés des immigré-e-s et requêrant-e-s d'asile, pour la liberté de circulation, le droit de chacun-e de demeurer à l'endroit de son choix, contre la répression et les innombrables contrôles qui multiplient les frontières partout et dans tous les pays.

Ce réseau diffère des organisations traditionnelles pratiquant le lobbying et des ONG dans la mesure où il est constitué de collectifs d'activistes de base et qu'il entend le rester. Les différents collectifs se coordonnent lors des deux réunions annuelles et avec une liste de diffusion.

Le réseau no border est né de la convergence de différentes luttes en Europe, au moment où des sans papiers ont commencé à s'organiser (occupations, en particulier d'églises, actions, manifestations) pour s'approprier leur lutte, en clair pour être autonome. Liberté de circulation, des papiers pour tou-te-s, abolition des lois racistes étaient les principaux slogans de ces sans papiers.

Le réseau no border est né en 1999. Lors du sommet européen de Tempere, en octobre 1999, une nouvelle étape dans la constitution d'une Europe des multinationales, avec un niveau de contrôle social adapté au niveau d'exploitation, allait être franchie. Divers collectifs en Europe appelèrent à des manifestations contre ce sommet, avec le mot d'ordre "Ce que ceci signifie, c'est plus de contrôles, plus d'arrestations, plus de déportations" . Huit pays européens furent le cadre de manifestations et d'actions diverses.

La première réunion du réseau s'est tenue à Amsterdam en décembre 1999; c'est là qu'a été initiée la liste mail qui permet à d'innombrables groupes locaux, y compris hors d'Europe, de coordonner leurs actions, d'échanger des informations et de débattre sur les questions de migration et de frontières.

Nous voulons:

  • lutter contre toutes les formes d'exploitation et de division, en créant collectivement de nouvelles formes de coordination et de résistance;

  • mettre en place une plate-forme d'échange d'information et d'expérience entre les groupes et les individus impliqués dans différentes luttes politiques dans une perspective d'émancipation anticapitaliste;

  • travailler avec les groupes autonomes d'immigrés;

  • relier des gens avec des pratiques politiques différentes et issus d'expériences locales variées.

Les activités du réseau no border peuvent être regroupées sous cinq axes principaux:

L'alliance contre les déportations

Elle fait le lien entre les différentes campagnes contre les compagnies aériennes impliquées dans les déportations: de nombreuses actions couronnées de succès ont été organisées contre Lufthansa, Air France, Swissair, Sabena, British Airways, Iberia…. Ces actions consistaient à intervenir dans les aéroports pour empêcher les déportations, entre autres en convaincant les passager-e-s d'exiger le débarquement des migrant-e-s expulsé-e-s. Certaines de ces compagnies aériennes refusent désormais, au moins officiellement, que leurs vols ne soient utilisés pour des déportations. <www.deportation-alliance.com>

Les camps no border

De nombreux camps ont été organisés à proximité des frontières de pays européens: Pologne, Ukraine, Slovaquie, Allemagne, Sicile, Espagne, mais aussi à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. En 2002, plus de 1000 personnes ont participé à un camp près de l'aéroport de Francfort. L'objectif de ces camps est d'agir contre un régime des frontières qui implique déportations et renvois des migrant-e-s. Ils sont aussi une occasion de rencontre entre les différents groupes impliqués, au travers de débats et d'activités culturelles et festives. En juillet 2002, un camp a rassemblé plus de 2.000 personnes à Strasbourg, la ville qui héberge le Système d'Information Schengen (SIS), une base de données pour la recherche et le contrôle dotée de dizaines de milliers de terminaux un peu partout en Europe (1). Ce système vise les migrant-e-s mais aussi tout individu considéré comme "suspect". Ce camp a été le cadre de nombreuses manifestations et actions et de rencontres entre les différents groupes et individus qui luttent pour l'émancipation. <www.noborder.org/camps>

Les journées d'actions internationales

Il s'agit d'actions coordonnées autour du 15 octobre de chaque année dans autant de pays que possible, sur un thème commun du réseau (bien entendu, les différents groupes ou collectifs organisent des actions sur ces thèmes à d'autres moments dans l'année). La première de ces journées avait eu lieu pendant le sommet de Tempere et est à l'origine du réseau.

Campagne contre la gestion internationale des migrations

Avec la présence de personnes de différents pays de l'Europe de l'Est, le réseau s'est trouvé confronté à la question de la gestion internationale des migrations, et avant tout de l'OIM (Office International des Migrations). L'OIM se présente comme un gestionnaire des migrations: politiques d'internement et de déportation pour les étrangers indésirables par les gouvernements, et de recrutement et d'exploitation des travailleurs considérés comme économiquement (et temporairement) "utiles". Il règne sur le contrôle des migrants en Ukraine et dans d'autres pays d'Europe de l'Est et est également actif dans d'autres pays (2).

<www.noborder.org/iom>

Lutte contre les déportations, contre les centres de rétention

Prisons, centres fermés, assignations à résidence, des actions diverses ont été menées en Europe et ailleurs contre toutes ces formes de privation de liberté: manifestations dans des aéroports et des centre de rétention, évasions, destructions de centres, luttes contre la construction de nouveaux centres.

En outre, de nombreuses initiatives et appels à action dans différents pays circulent sur la liste mail et nous nous efforçons de coordonner les différentes activités. Cette approche spécifique de la coordination d'actions en tant qu'expression d'une critique de fond des politiques migratoires est un des thèmes fondateurs du projet no border . Elle implique un travail permanent de mise en réseau et d'échange d'informations dans la mesure où l'objectif du réseau est de créer les structures d'une résistance pratique et efficace.

Réseau no border

  1. Voir archipel no 92, mars 2002: "Appel du réseau no border" et no 97, septembre 2002: "Camp international no border de Strasbourg", "Justice d'exception" et "Convergence Sans-Papiers, réfugiés, migrants

  2. Voir archipel no 107, juillet 2003: "Vers un régime mondial des migrations, l'OIM"

(Encadré)

Extraits de l'Appel du réseau "No Border"*

La liberté de mouvement et d'installation est un besoin humain fondamental. Les migrations sont un fait, leur autonomie n'a pas pu et ne peut pas être soumise à des règles, comme les Etats et les institutions transnationales le voudraient. L'émigration est une conséquence de l'exploitation économique, de la répression politique et des guerres, mais aussi de l'intérêt légitime des gens pour trouver des conditions de vie meilleures ou différentes. La liberté de mouvement pour tous doit devenir une réalité pour laquelle nous avons à nous battre par tous les moyens nécessaires. La liberté de mouvement a été une revendication centrale ces dernières années quand des groupes de base ont commencé à organiser les campements de No Border à différentes frontières de la forteresse Europe: contre les frontières militarisées autour de l'Europe, avec leurs armes, leurs technologies de contrôle et le soutien raciste de beaucoup de gens dans les pays d'Europe. C'est le contraire de notre rêve qui est de créer un monde sans frontières. Nous vivons dans un système capitaliste mondial qui divise les gens. Le système d'exploitation et d'exclusion est soutenu par les frontières internes aussi bien qu'externes de la forteresse Europe ou de ce qu'on peut appeler la "Schengenie". Il s'appuie sur des lois racistes et sur la barbarie des détentions et des expulsions. Des milliers de gens sont morts à cause du régime des frontières.

Nous assistons actuellement à un renforcement de l'appareil répressif de l'Etat à travers le monde. Si le contrôle des populations locales et des mouvements des gens à travers les frontières n'a rien de nouveau, il s'est accéléré depuis qu'après les attaques contre le World Trade Center et le Pentagone, les gens au pouvoir ont profité du prétexte de la "guerre contre le terrorisme" pour faire passer de nouvelles mesures de contrôle draconiennes. En Europe, après la proposition d'une police anti-émeutes européenne, nous avons maintenant le projet de mandat d'arrêt européen et l'adoption d'une législation "anti-terroriste" commune. Sous prétexte de "lutter contre le terrorisme", le but réel est d'augmenter le contrôle sur la vie quotidienne et les luttes de tout le monde.

* Voir archipel no 92, mars 2002: "Appel du réseau no border"